Le tableau de bord spatial, boussole du C3OS

Comment contrer les menaces spatiales ? La réponse se trouve au Centre de commandement et de contrôle des opérations spatiales (C3OS), unité du Commandement de l’espace (CDE). Ses missions : établir et analyser la situation spatiale, mais aussi conduire les opérations dans l’espace. Explications dans Esprit défense n° 9.

Le tableau de bord du C3OS répertorie toutes les bases de lancement de fusées à travers le monde. © SCH Morgane Vallé/armée de l’Air et de l’Espace/Défense

Bienvenue au cœur des opérations spatiales. Dans cette salle protégée du ministère des Armées, quatre rangées d’une dizaine d’ordinateurs font face à un gigantesque planisphère. Projeté sur l’intégralité du mur, ce dernier répertorie toutes les bases de lancement de fusées à travers le monde. Sur certaines, un décompte défile pour signaler les prochains lancements de satellites.

Ce tableau de bord participe à l’établissement de l’environnement spatial. L’objectif : anticiper les risques de collision de nos satellites. Mais, surtout, il permet de surveiller ceux de nos compétiteurs. « En 2017, le satellite russe Luch-Olymp se poste, pendant trois mois, à proximité d’un satellite militaire franco-italien. Les autorités politiques réagissent et accusent la Russie d’espionnage. Cet acte hostile donnera naissance au CDE », rappelle le lieutenant-colonel Lilian, chef du C3OS. Espionnage ou guerre électronique, ces actions ont un impact sur notre défense sur Terre. Pis encore, certains satellites pourraient s’attaquer à d’autres par différents modes opératoires – filet ou harpon.

Pour contrer ces menaces, la section orbitologie du C3OS veille. Ses opérateurs vérifient plusieurs fois par jour où se situent les satellites suspects et traquent les déviations de trajectoire. La section renseignement mène, de son côté, une classification des satellites pour déterminer leur dangerosité, et ce avant même leur lancement. Elle répertorie aussi les capacités spatiales de chaque pays, en centralisant une multitude de données géopolitiques, économiques et technologiques. Toutes ces informations sont transmises au commandement du C3OS. En cas d’alerte, celui-ci rend compte au Centre de planification et de conduite des opérations1 qui donnera des ordres pour réagir.

En 2025, le C3OS déménagera à Toulouse. « Ce sera un centre 4.0, avec un data center pour relever les défis liés au traitement massif des données dans des délais restreints », affirme le lieutenant-colonel Lilian. L’enjeu : détenir une connaissance toujours plus précise des menaces dans l’espace.

Par Laura Garrigou.

1 Le CPCO est à la fois un état-major d’aide à la décision et un centre de commandement permanent pour la conduite des actions militaires, sous l’autorité du chef d’état-major des armées.

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Face à la militarisation croissante de l’espace, la question n’est désormais plus de savoir si un conflit peut avoir lieu dans le domaine spatial, mais quand. La France s’y prépare aussi bien au niveau capacitaire, en développant de nouveaux matériels, qu’au niveau opérationnel.

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