[Podcast] Ukraine : deux ans de guerre en Europe

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 22 février 2024

Après deux ans de guerre en Ukraine, le podcast Pensez stratégique de l’Académie de défense de l’École militaire et du ministère des Armées revient pour un nouveau numéro consacré à ce conflit en Europe. Entre enseignements opérationnels, les enjeux pour les industries de défense et les dynamiques politiques, nos trois invités décryptent les conséquences de ce conflit.

Visuel "Pensez stratégique - Ukraine : 2 ans de guerre en Europe" © Ministère des Armées

« Cette guerre, la plus meurtrière qu'ait connue notre continent depuis le second conflit mondial, bouleverse tous les équilibres, toutes les certitudes. La France et l’Europe redécouvrent soudain que la guerre nous concerne tous », introduit le présentateur et journaliste Daniel Desesquelle, pour ce troisième numéro du podcast Pensez stratégique intitulé « Ukraine : deux ans de guerre en Europe ».

Avec :

  • Docteur Céline Marangé, chercheuse sur la Russie, l’Ukraine et le Belarus à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire ;
  • Général Vincent Breton, directeur du Centre interarmées de concepts, de doctrines et d'expérimentations ;
  • Docteur Julien Malizard, titulaire adjoint de la chaire Économie de défense de l’Institut des hautes études de défense nationale.

A écouter sur Podcastics.

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Une guerre de « libération nationale »

Le 24 février 2022, les forces armées russes envahissent l’Ukraine. À l’arrière, la population ne cesse de se mobiliser pour résister. Malgré les pertes humaines, les destructions colossales et une économie ébranlée, les Ukrainiens sont soudés en une « union sacrée » autour d’une même idée : « Ne pas concéder de territoires pour atteindre la paix », affirme le docteur Céline Marangé. Cette union sacrée s’explique en partie par l’Histoire de l’Ukraine et par l’expérience de la domination russe, puis soviétique. Ce conflit est perçu par la population comme « néocolonial, voire de libération nationale », décrit le docteur Marangé. Une vision renforcée par une « politique de russification forcée de la population » menée par Moscou dans les régions ukrainiennes occupées – Zaporijia, Kherson, Lougansk et Donetsk. Cette guerre est donc un moyen pour les Ukrainiens de s’affranchir de la tutelle russe mais, surtout, d’exprimer un « rejet viscéral du modèle de gouvernement autoritaire représenté par Vladimir Poutine. »

Combats d’artillerie et profondeur stratégique

Sur le front, l’artillerie revient sur le devant de la scène, tout comme les combats de tranchées jusque-là disparus en Europe. « Nous redécouvrons les champs de mines, la guerre de tranchées, les combats d’artillerie, la guerre électronique, la bataille des ondes avec du brouillage… », énumère le général Vincent Breton. La masse redevient un facteur de succès pour prendre le dessus sur l’adversaire. La profondeur stratégique les ressources territoriales, matérielles et humaines sur lesquelles un État peut s’appuyer est ainsi indispensable pour tenir dans la durée. Sans elle, les militaires risquent de manquer de matériels et de munitions pour continuer de se battre. Dans ce cadre, la Russie, pays-continent, détient un large stock de munitions datant de la Guerre froide. Pour le général Breton, « du côté ukrainien, la profondeur stratégique de l'Ukraine tient au soutien massif et absolument décisif des Occidentaux ».

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« Adapter les industries de défense européennes »

Les Européens font alors face à une problématique : « Kiev émet des besoins urgents et gigantesques, or l’offre industrielle est relativement contrainte », explique le docteur Julien Malizard. Les entreprises d’armement en Europe ont en effet été habituées à produire « juste à temps » pendant les 30 années qui ont suivi la Guerre froide. Les commandes étatiques sont limitées et les entreprises se tournent vers l’exportation pour être rentables. « On n’imaginait pas avoir un jour à produire pour une guerre de haute intensité. On se préparait plutôt à des conflits asymétriques, avec l’idée que la supériorité technologique compense la masse », indique le chercheur.

Afin de soutenir l’effort de guerre, la France met en ordre de marche son industrie de défense. Dans le domaine de l’artillerie, la production est passée de 1 000 à 3 000 obus de 155 mm par mois en deux ans. L’entreprise Nexter a, quant à elle, « divisé par deux les temps de production du canon Caesar », selon le chercheur. Le nombre d’unités produites a quasiment quadruplé depuis l’invasion russe. La France a ainsi annoncé la production de 78 canons Caesar sur l’année 2024. Une révolution, puisque ces derniers vont être fabriqués sans avoir été commandés au préalable, analyse le docteur Malizard.

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Guerre en Ukraine : le dossier

Militaire ukrainien du Service national des gardes-frontières - Bakhmut - 9 février 2023 © YASUYOSHI CHIBA / AFP

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