« Je veux que la France hexagonale et d’outre-mer, puissance d'équilibre et d’entraînement, continue de disposer des armées de référence en Europe. » Après avoir listé les ruptures stratégiques provoquées par le conflit ukrainien, le Président Macron a rappelé mercredi soir la nécessité de l’effort de défense consenti depuis cinq ans.

Le matin même, le Parlement avait adopté la loi de programmation militaire 2024-2030 qui prévoit un budget de 413,3 milliards d’euros pour les sept prochaines années. Ce résultat acquis, il s’agit désormais de faire vivre cette LPM dans un contexte stratégique instable pour que nos armées soient en mesure d’affronter la dégradation du contexte stratégique et aux nouvelles formes de conflictualité.

« Quatre valeurs cardinales »

Pour répondre à cet impératif, Emmanuel Macron a annoncé la nécessité d’une transformation en profondeur du ministère des Armées. « Une responsabilité impérieuse », selon lui. Pensé à une époque marquée par les baisses de budget et la recherche continuelle d’économies, le modèle actuel n’est plus adapté. « Une logique qui ne place pas toujours, ou pas assez, la guerre au cœur de ces processus », explique le Président.

Emmanuel Macron a notamment adressé une demande au ministre des Armées, Sébastien Lecornu : lui remettre des scénarios de cette transformation d’ici l’été prochain. Ils devront répondre à quatre impératifs, décrits comme des « valeurs cardinales » :

• ne jamais perdre l'esprit stratégique,

• garder l'esprit de responsabilité, 

• imposer la subsidiarité,

• décliner l’agilité à chaque endroit.

« Collectif européen »

Sans ces quatre guides, « nous nous perdons dans des lenteurs qui deviennent bureaucratiques et dans de la déresponsabilisation qui décourage », affirme le Président. L’objectif final de cette transformation vise évidemment au renforcement de nos armées. Car cette force est la garantie nécessaire pour exercer notre souveraineté, rappelle le chef de l’Etat.

Notre souveraineté nationale mais aussi européenne. « Pour les décennies qui viennent, nous aurons à porter le fardeau de notre sécurité et des conflits dans nos voisinages », martèle Emmanuel Macron. Cela nous oblige à réduire nos dépendances « car chacune d'elles fragilise notre défense », insiste-t-il. Selon lui, il nous faut donc « investir dans le collectif européen » car c’est à vingt-sept Etats membres de l’Union européenne que nous pourrons peser sur les décisions de l’Otan. L’Europe de la défense est fondamentale pour le Président : « C'est celle qui nous protège aujourd’hui et nous protègera demain encore plus. Une alliance de partenaires qui se respectent. Et on se respecte quand on ne dépend pas, mais quand on choisit de travailler ensemble. »