Comment mieux prendre en compte les blessures invisibles des militaires
L’association Solidarité défense a organisé ce jeudi 30 mars le colloque « Accompagner la blessure psychique du militaire », un sujet souvent méconnu. Les intervenants ont notamment mis en lumière la nécessité de mieux prendre en compte les besoins des blessés et de leurs familles.
« Il n’y a pas de hiérarchie de blessures quand on fait le choix de risquer sa vie. » En ouverture du colloque « Accompagner la blessure psychique du militaire », le général d’armée Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées, a rappelé la nécessité de sensibiliser les militaires et leurs familles aux blessures invisibles, mais non pas moins destructrices qu’une blessure physique.
« Le métier des armes n’est pas un métier. C’est un engagement absolu, également de la famille. Le militaire risque la mort, voit la mort », a témoigné le vice-amiral d’escadre Marin Gillier. Déployé au Rwanda en 1994 dans le cadre de l’opération Turquoise, il a été traumatisé par les massacres dont il a été témoin lors de sa mission. « Mon retour à la maison fut un retour au néant. Plus rien n’avait de goût. C’était le vide existentiel. » La raison : il souffrait d’un syndrome post traumatique (SPT). Les symptômes de ce SPT vont de l’hypersensibilité à la violence verbale. La personne est irritable, toujours en hyper vigilance et s’isole des autres. « Vous ne savez pas que vous êtes blessés. Vous êtes comme un mort-vivant », confirme Fernand Balzard, ancien commando marine, qui a vu un véhicule exploser à 30 mètres de lui lors de l’opération Barkhane.
Au-delà du militaire, c’est toute sa famille qui est à son tour « blessée par ricochet ». Le comportement du blessé psychique peut en effet avoir des conséquences dévastatrices sur le conjoint comme sur les enfants. L’entourage est pourtant la clef : « La famille est le lieu du premier remède : l’amour », affirme le vice-amiral Gillier. Les intervenants ont ainsi souligné la nécessité de renforcer les dispositifs de prise en charge des proches aidants.
Ne pas laisser croire que le militaire doit s’en sortir tout seul
Le commandement a également un rôle à jouer dans l’accompagnement des blessés. Pour le colonel Vincent Minguet, chef de corps du 27e bataillon de chasseurs alpins, il est indispensable de connaître ses hommes tout comme leur famille. La détection du SPT est cependant difficile en raison du temps de latence qui existe avant l’apparition des premiers symptômes. Ceux-ci se révélant généralement au sein du cercle familial, l’entourage doit pouvoir compter sur la hiérarchie militaire.
Les dispositifs associatifs et institutionnels pour aider les blessés psychiques sont nombreux. Des sas de fin de mission, d’une durée de trois jours, ont par exemple été mis en place depuis 2009. Ils amorcent la transition entre l’environnement éprouvant de l’opération extérieure et le milieu familial. Les cellules d'aide aux blessés des trois armées se sont également saisies de la question des blessures psychologiques pour proposer des accompagnements personnalisés et au plus près des familles.
En 2021, les maisons Athos – trois à ce jour à Cambes, Toulon et Aix-les-Bains- ont également vu le jour. Le dispositif propose un accompagnement psychosocial pour aider les soldats victimes de SPT à se réintégrer socialement et professionnellement. Le futur plan blessé du ministère des Armées devrait augmenter le nombre de ces maisons à une dizaine, dont deux en Outre-Mer.
Rubrique spéciale « Soutien aux blessés »
Cette rubrique présente des offres d’accompagnement que le ministère propose, dans la durée, aux militaires blessés ou malades et à leur famille, depuis la prise en charge jusqu’à la réinsertion.
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