75 ans de l’Otan : « il faut rester unis »

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 04 avril 2024

Le 4 avril 2024, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) fête ses 75 ans. Créée en 1949 pour contrer l’URSS, elle est revenue sur le devant de la scène à l’aune de la guerre en Ukraine. Le général de corps d’armée Jérôme Goisque, représentant militaire permanent de la France au comité militaire de l'Otan et de l'Union européenne, revient sur les évolutions et les nouveaux défis de l’Alliance.

Image d'illustration du comité militaire de l'Otan et de l'Union européenne et du GCA Goisque © Ministère des Armées

En 75 ans, comment ont évolué les missions de l’Otan ?

L’Alliance a été créée dans un cadre bien spécifique, celui de la Guerre froide, avec un ennemi identifié : l’Union Soviétique. Quand cet ennemi a disparu dans la décennie 90, les activités de l’Otan se sont grandement diversifiées, passant de la défense collective à la sécurité coopérative. La gestion de crise est également devenue une prérogative de l’’Alliance, matérialisée par des opérations militaires de l’OTAN dans les Balkans, en Afghanistan, en Irak ou en Lybie.

Mais depuis quelques années et plus particulièrement avec la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine, nous sommes revenus sur le logiciel initial : une organisation centrée sur la défense collective du continent européen face à deux menaces bien identifiés. La Russie d’une part et les organisations terroristes d’autre part. 

Que fait l’Alliance face au retour de la guerre de haute intensité sur le sol européen ?

Premièrement, nous incitons nos membres à aider l'Ukraine dans sa guerre contre la Russie.

Deuxièmement, nous montrons nos muscles en déployant une posture robuste de dissuasion et de défense sur notre flanc oriental. Actuellement, huit bataillons sont déployés, dans le cadre de l’OTAN, dans des pays limitrophes ou proches de la Russie. Tout au long de l’année, ils réalisent des exercices selon des scénarios réalistes et exigeants. Le but : montrer nos forces et nos capacités à réagir à toute action offensive venant de la Russie.

Quelle place occupe la France aujourd’hui dans l’Otan ?

La place de la France est entière, remarquée et appréciée. Sur les huit bataillons évoqués précédemment, la France assure le commandement de l’un d’eux en Roumanie (mission Aigle) où nos soldats en constituent une grande partie des effectifs. Elle contribue également au renforcement d’un autre bataillon, cette fois-ci commandée par les britanniques en Estonie (mission Lynx). Sur ces deux fronts, notre présence est visible et s’inscrit dans la durée. Dans les airs, l’armée française participe en Lituanie à la police du ciel [NDR : mission du temps de paix qui vise à préserver la sécurité de l’espace aérien de l’Alliance et qui a été renforcée en réponse à la guerre en Ukraine]. A ce titre, quatre Mirage 2000 ont été déployés dans la zone de décembre à mars, et contribuent également à des missions de renseignement et d’appui. De nombreuses missions décollent également de France chaque semaine pour rejoindre des exercices aériens dans les cieux de l’Est de l’Europe. Enfin, sur le volet maritime, la France est présente dans l’océan Atlantique, en mer du Nord, en mer Baltique et en mer Méditerranée avec de nombreux bâtiments dans le cadre des forces navales permanentes de l'Alliance.

Quels sont les futurs défis de l’Otan ?

Rester unis dans la durée. Dans ce contexte international tendu, avec des ressources particulièrement sollicitées et des efforts budgétaires significatifs, maintenir l’unité et la solidarité entre les 32 pays demeure notre priorité. Chacun dispose de ses propres intérêts et d’une approche différente de par son histoire et sa géographie. A la veille du conflit en Ukraine, certains pays étaient par exemple très dépendants de la Russie sur le plan énergétique et de l’approvisionnement en matériel. C’était connu, et légitime, à un moment où l’Otan et la Russie dialoguait régulièrement. Aujourd’hui, la situation a changé, et des mesures ont été prises individuellement et collectivement pour s’adapter et réduire ces dépendances qui nous rendaient tous vulnérables.

Aujourd’hui, la cohésion des membres est donc capitale. Nous devons la préserver et la France, par son engagement dans les différents mécanismes de solidarité stratégique, y contribue pleinement.

 

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