Comment le général de Gaulle a-t-il vécu le déclenchement des hostilités ?

Au début de la guerre, alors colonel, il sert au 507^e régiment de chars de combat de Metz. Le 26 janvier 1940, il adresse un mémorandum au haut-commandement et à certains décideurs politiques. Son message : il faut passer à l’offensive et mettre les unités blindées et cuirassées au cœur du dispositif. Cette initiative élargit le cercle, plutôt restreint, de ceux qui connaissent ses ouvrages d’histoire et de théorie militaire. Le 11 mai, un jour après le début de l’offensive allemande à l’Ouest, il reçoit le commandement de la 4^e division cuirassée, l’une des premières unités blindées autonomes françaises. De Gaulle s’illustre notamment en Picardie où ses chars contiennent un temps la percée ennemie. Le 5 juin, le président du Conseil, Paul Reynaud, le nomme général de brigade à titre provisoire. La raison de cette soudaine montée en grade ? Il peut ainsi entrer au gouvernement comme sous-secrétaire d’Etat à la Guerre.  

Justement, quel a été son rôle dans ce gouvernement ?

Le 16 juin, il décolle de la base aérienne 106 Bordeaux-Mérignac. Destination Londres. Sa mission : négocier un soutien britannique auprès de Winston Churchill. Le succès est au rendez-vous. Mais dans la nuit du 16 au 17 juin, il apprend la chute de Paul Reynaud alors qu’il se trouve dans l’avion qui le ramène à Bordeaux, où siège le gouvernement. Avant de quitter officiellement ses fonctions, Paul Reynaud lui remet cependant une partie des fonds secrets à la disposition du chef du gouvernement pour les opérations spéciales. De Gaulle repart immédiatement pour Londres ce même jour.

Comment ce général inconnu du grand public négocie-t-il son allocution à la BBC ?

De Gaulle connaît très bien le maréchal Pétain pour avoir été sa plume dans les années 1920. Lucide, il n’a aucune illusion sur la volonté de se battre du vieux maréchal. Le général part du principe que le maréchal Pétain va bientôt annoncer l'armistice à la radio. Il convainc ainsi Winston Churchill d’apporter une réponse française en utilisant le même média : la radio. De son côté, le Premier ministre britannique ne souhaite pas provoquer Pétain au cas où les négociations d’armistice échoueraient. La meilleure façon de le contester sans engager le gouvernement britannique, c’est de laisser parler le général de Gaulle.

Son Appel du 18 Juin n’a pas été enregistré. Pourquoi ?

Il faut savoir que cet Appel se déroule en dehors de toute procédure. De Gaulle n’a alors pas de statut juridique ou diplomatique au Royaume-Uni. Tout repose sur son audace et sur la confiance que lui porte Winston Churchill. La BBC n’a donc pas enregistré sa prise de parole car elle s’attendait à un « one shot », une émission spéciale unique. Il va pourtant s’adresser aux Français à plusieurs reprises, et ce dès le 22 juin. Ces allocutions prononcées au cours des semaines suivantes ont été conservées pour plusieurs raisons. L’armistice ayant été signé avec l’Allemagne, Vichy a officiellement rompu l’alliance avec les Britanniques. Londres n’attend donc plus rien de Pétain et Churchill peut assumer publiquement son soutien à de Gaulle et renforcer sa légitimité. Conséquence directe : ces discours épars prononcés par un général en exil donnent peu à peu naissance à un programme quotidien animé par une équipe, le fameux « Les Français parlent aux Français ».