Indopacifique : défendre notre souveraineté

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 12 décembre 2023

Pays souverain de l’Indopacifique, la France a accueilli la semaine dernière la réunion des ministres de la Défense du Pacifique Sud (SPDMM*) à Nouméa. Les enjeux français sont nombreux dans la région : protection de la population et défense de l’intégrité territoriale. Pour cela, le pays mise sur une présence militaire permanente et une coopération renforcée avec ses partenaires.

Le BSAOM Bougainville déployé dans les ZEE françaises pour garantir notre souveraineté, 2020 © Marine Nationale/Défense

« La France est une nation résidente de l'Indopacifique, déclare le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, en juin 2022 devant des experts et hauts responsables de la défense de la zone Asie-Pacifique réunis à Singapour à l’occasion du Shangri-La dialogue. Pour le dire simplement, vos enjeux sont les nôtres. »

La Réunion, Mayotte, les Terres australes et antarctiques françaises, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Wallis-et-Futuna et Clipperton sont sept collectivités qui ancrent la présence de la France dans cette région du globe. Ces territoires regroupent 1,6 millions de citoyens français et représentent 90 % de la zone économique exclusive (ZEE) française, soit 9 millions de km2 contribuant ainsi au second domaine maritime mondial.

Présence militaire permanente 

Pour protéger ses concitoyens et défendre son intégrité territoriale dans cette vaste région, 7 000 militaires français sont déployés en permanence en Indopacifique. Ils sont répartis en trois forces de souveraineté, présentes sur des collectivités territoriales d’outre-mer : zone sud de l’océan Indien, Nouvelle-Calédonie et Polynésie française. Deux forces de présence sont implantées au nord de l’océan Indien, à Djibouti et aux Émirats arabes unis. La France dispose ainsi de capacités d’intervention immédiatement disponibles, destinées à décourager toute tentative de déstabilisation ou de prédation. Ces capacités sont en cours de renforcement, notamment avec l’arrivée du premier d’une série de six patrouilleur outre-mer Auguste Benebig, à Nouméa en mai 2023.

Afin d’assurer la surveillance de sa ZEE, la Marine française procède à de nombreux déploiements. Le groupe aéronaval a par exemple mené début 2023 des missions dans l’océan Indien avec ses partenaires régionaux, dont Djibouti, Oman, les Émirats arabes unis et l’Inde. Cette présence maritime régulière constitue également un signalement stratégique et un moyen pour démontrer les capacités de maîtrise du combat naval de la France. Objectif : décourager les compétiteurs de se lancer dans des aventures militaires hasardeuses.

Ce signalement stratégique passe aussi par les airs, notamment lors de la mission Pégase 2023 où 19 aéronefs ont couvert les 18 000 kilomètres séparant la Nouvelle-Calédonie de la métropole. Par cette projection de puissance, la France montre sa capacité à intervenir sous court préavis dans la région la plus éloignée de sa capitale.

Protéger nos flux et lutter contre les trafics

L’indépendance passe aussi par une protection efficace des flux entre la métropole et les outre-mer, mais aussi entre l’Europe et les partenaires économiques de la zone. Il est également nécessaire de se protéger des effets néfastes des trafics en tout genre : pêche illégale, stupéfiants, produits pharmaceutiques, espèces animales protégées, traite d’êtres humains. La corne de l’Afrique et le golfe d’Aden sont particulièrement touchés. Pour lutter contre ces trafics et la piraterie, la France s’organise avec les pays européens. Le pays a initié l’opération Atalante, une mission de sûreté maritime dans l’océan Indien mise en œuvre par l'Union européenne. À travers ses diverses opérations, la Marine nationale a saisie 33 tonnes de drogues en 2021 en Indopacifique.

Coopérer pour se renforcer  

La France entretient des relations étroites avec de nombreux États de l’Indopacifique et s’est constituée un solide réseau de partenaires, comme l'illustre le SPDMM. Ils renforcent l’efficacité de nos déploiements et notre interopérabilité par des opérations conjointes et offrent tantôt un point d’appui stratégique pour projeter des forces, tantôt du renseignement. Des accords signés avec Singapour et l’Inde permettent par exemple un échange d’informations maritimes avec ces deux pays.

La relation avec l’Inde est d’ailleurs privilégiée tant le pays tente d’affirmer sa puissance sur l’océan éponyme face à la Chine, son premier compétiteur. La France et l’Inde partagent une même vision stratégique, fondée sur la préservation de la stabilité régionale et la défense de la liberté de circulation. L’Inde constitue aussi un grand partenaire dans le domaine de l’armement pour la France, partenariat confirmé par un nouveau contrat de 26 avions Rafale Marine et de trois sous-marins officialisé ce 14 juillet. La relation stratégique va encore plus loin : depuis 2018, les deux pays partagent un accord de soutien logistique mutuel entre leurs armées, donnant à leur marine un accès réciproque aux ports militaires. C’est ainsi que la mission Jeanne d’Arc a été accueillie à Cochin, en Inde, en mars 2023.

Zoom sur le canal du Mozambique, un enjeu de souveraineté

Le canal du Mozambique, route maritime majeure de l’océan Indien, voit transiter 30 % de la production mondiale de pétrole. Le canal renferme également des réserves considérables de gaz naturel exploitable et de pétrole, découvertes au début des années 2000. Grâce aux îles Éparses et à Mayotte la France dispose d’une ZEE importante dans le canal. Même si depuis 2020 la France a stoppé les forages dans cette zone, ce potentiel énergétique attise les convoitises des pays riverains. Madagascar revendique sa souveraineté sur plusieurs îles françaises, démarche soutenue par la Russie. La Chine, quant à elle, a investi massivement au Mozambique et réalisé des études sismiques dans le canal. Ses bateaux de pêche, autorisés dans les eaux malgaches, s’aventurent parfois dans la ZEE française.

*SPDMM : South Pacific Defence Ministers’ Meeting

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