Face au retour de la guerre en Europe, l’importance des forces morales

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 28 juin 2023

La France est-elle prête à affronter un conflit de haute intensité ? Depuis le début de la guerre en Ukraine, la question se pose avec acuité. Au-delà du nécessaire renforcement des armées, la résilience de la Nation passe par la mobilisation de la société tout entière. Le lien armées-Nation et les forces morales sont ainsi devenus des piliers essentiels de notre politique de défense. Explications dans Esprit défense n°8.

La Patrouille de France défile au-dessus des Champs-Elysées, à Paris, le 16 juillet 2018. © Bruno de Hogues/Only France/AFP Photo

Le « lien armées-Nation » et les « forces morales ». Depuis quelques mois, ces deux concepts font florès. Une référence à ces éléments, considérés comme essentiels en cas de conflit, est souvent glissée dans les discours sur la défense. Sans eux, il n’y aurait pas de victoire possible. La leçon nous arrive d’Ukraine, où la résistance à l’invasion russe tient beaucoup à l’action de la population. Cet exemple a « réveillé en sursaut les consciences occidentales engourdies par 80 années de paix », écrivait le général Yann Gravêthe, dans son éditorial pour Esprit défense n° 6. Ce processus est-il reproductible en France ? C’est toute la question. La volonté politique est là, répétée par Emmanuel Macron dans ses vœux aux armées, le 20 janvier 2023. « La mobilisation civile est inséparable de l’effort militaire », soulignait alors le chef de l’État, précisant qu’« il nous [fallait] aussi, en tant que Nation, nous transformer nous-mêmes, être prêts à des guerres plus brutales, plus nombreuses et ambiguës à la fois ».

Mais que recouvrent ces concepts, difficiles à définir précisément ? « Pour moi, les forces morales, c’est tout d’abord une Nation derrière ses armées, avance le colonel Stéphane Zugetta, sous-directeur des politiques jeunesse à la Direction du service national et de la jeunesse (DSNJ). Et cela nécessite que les citoyens comprennent pourquoi nous avons une politique de défense, pourquoi le pays investit plus de 400 milliards d’euros dans la loi de programmation militaire, pourquoi nous intervenons militairement dans certains endroits. » Or, cet esprit de défense n’est pas inné : « Il se cultive, se travaille, auprès des futurs citoyens, dès le plus jeune âge, comme le prévoit le plan Ambition armées-jeunesse[1]», prévient-il. Sinon, « avec une Nation qui ne possède pas de connaissance des enjeux de défense, vous ne disposez ni d’un socle ni d’une base arrière solides. » Pour certains, le lien armées-Nation s’est distendu depuis les « dividendes de la paix » des années 1990[2], lorsque tout conflit mondial semblait improbable. Un phénomène amplifié par la loi de suspension du service national votée en 1997. « Aujourd’hui, les gens qui ont 45 ans n’ont pas connu le service militaire. Forcément, le lien avec les armées a tendance à s’émousser », constate le général Bruno Gardy, délégué interarmées aux réserves, une structure rattachée à l’État-major des armées.

[1] Présenté en 2021, le plan Ambition armées-jeunesse définit les objectifs et les modalités de la politique jeunesse du ministère des Armées.

[2] « Dividendes » obtenus par la baisse des budgets militaires après la fin de la Guerre froide.

À travers la mobilisation de sa population, l’ Ukraine nous rappelle l’importance des forces morales © Emin Sansar/Anadolu Agency/AFP Photo

« Le lien armées-Nation fait débat, il devrait faire consensus »

Mais qu’en est-il réellement ? Et tout d’abord, parle-t-on des forces morales des armées ou de celles de la Nation ? Pour la Nation, il s’agit d’évoquer plutôt la résilience, cette capacité à rebondir après un événement tragique ou violent. Pour les armées, le capitaine Ugo Yvart offre une définition dans la Revue défense nationale[1]: les forces morales servent de « catalyseur d’énergie » et de « démultiplicateur d’efficacité » par leur capacité à « dépasser et [à] surmonter les événements ». Au Royaume-Uni, elles forment par exemple l’une des trois composantes de la puissance de combat, avec le conceptuel et l’armement.

Voilà pour la théorie. Dans la pratique, un flou persiste sur ce thème que chacun définit selon des valeurs différentes. « La culture commune d’un groupe détermine les forces morales qu’il s’attribue et revendique », analyse le commandant Stéphane Cotte[2]. Chacun y place ce qu’il souhaite, au risque de « galvauder » l’expression. Il en va de même du lien armées-Nation, avertit Bénédicte Chéron. Historienne à l’Institut catholique de Paris[3], elle met en garde contre « les utilisations de cette expression valise », susceptible de devenir un « gadget verbal ». Pour elle, utiliser ces concepts nous exonère de leur définition et nous permet de « ne pas nous poser de questions plus précises sur ce que les Français comprennent de la vie militaire et de la politique de défense ». À ses yeux, l’invocation répétée des forces morales représente même le symptôme « d’une société qui dysfonctionne et se perçoit comme une société en crise, plutôt qu’une réponse à ce dysfonctionnement ».

Secrétaire général adjoint de la Garde nationale, le colonel François-Xavier Poisbeau résume l’état des lieux : le lien armées-Nation « fait débat, alors qu’il devrait faire consensus ». Notamment, selon lui, en raison d’« incompréhensions » sur le rôle des armées. Certains les voudraient proches de la population, dans une posture de protection du pays ; d’autres ne les conçoivent qu’exerçant loin. « Ces débats sont très importants, juge-t-il. Et plus ces éléments seront partagés dans la société, mieux nous nous en porterons. Il s’agit quand même des armées du peuple, non ? » Du peuple, certes, mais tout le monde ne les côtoie pas forcément. « À Nantes, il n’y a par exemple plus de caserne. Toute une frange de la population ne verra pas d’armées de toute sa vie. C’est pourquoi il est nécessaire de rappeler ce qu’elles sont », assène-t-il.

L’expression « lien armées-Nation » fait elle-même débat. Pour le directeur de la Direction de la mémoire, de la culture et des archives (DMCA), cette « appellation consacrée mais imprécise » peut même porter « à contresens » en laissant entendre qu’il y a les armées, d’un côté, et la Nation, de l’autre. Même si le terme ne s’est pas imposé, le contrôleur général des armées Sylvain Mattiucci préférerait ainsi parler de « lien défense-société ». « Le réduire aux armées est un peu restrictif. Et il ne concerne pas que la Nation », estime-t-il. Un rappel historique s’impose. En 1792, la bataille de Valmy[4] instaure le passage de l’individuel au collectif, via l’incorporation du « soldat-citoyen » dans une « Nation en armes ». Ce concept s’incarnera avec la conscription. Au XXe siècle, outre leur but principal de « recruter des poitrines », les armées remplissent aussi un rôle social, accompagnant le passage à l’âge adulte et créant un brassage de population (géographique, social, culturel). Mais en 1997, la suspension du service national bouscule cet ordre établi.

[1] La force morale : facteur crucial pour surmonter les crises et gagner les conflits. Revue défense nationale n° 859 (avril 2023).

[2] Engagé depuis 2010 et officier- stagiaire à l’École de guerre-Terre, il effectue des recherches sur les forces morales des militaires et de la Nation pour son doctorat en Histoire. Premier article à paraître en septembre dans la revue Le Franc-Tireur Terre.

[3] Elle est aussi membre du conseil de perfectionnement de l’École spéciale militaire de Saint- Cyr et membre du conseil scientifique de l’Institut des hautes études de défense nationale.

[4] Le 20 septembre 1792, l’armée révolutionnaire française remporte sa première victoire à Valmy, dans la Marne, face à l’armée austro-prussienne qui marchait vers Paris.

Un soldat de l’armée de Terre et un enfant, le 14 Juillet 2022, à Paris. © Constance Nommick/armée de Terre/Défense

Commémorer autrement

Résultat : depuis, le lien armées-Nation ne va plus de soi. « Il faut le cultiver », dans un but politique pour éviter un repli sur soi des armées et un recrutement endogène, note Sylvain Mattiucci. « Ce n’est d’ailleurs pas le cas : les armées embauchent dans tous les milieux. Elles représentent une chance et remplissent aussi un rôle de promotion sociale. Elles sont à l’image de leur Nation. » Pour preuve, le défilé du 14 Juillet et sa « diversité de profils » montrent « une institution de l’intégration ». Depuis la fin de la conscription, affirme aussi le directeur de la DMCA, à la question traditionnelle « qu’est-ce que les armées peuvent faire pour la Nation ? » s’est ajoutée « qu’est-ce que la Nation peut faire pour ses armées ? » Sur ces questions de défense, poursuit-il, nos sociétés européennes se sont réveillées avec « la gueule de bois après avoir cru à la “fin de l’Histoire”1, puis aux “dividendes de la paix”. En conséquence, l’effort de défense a décru pendant des décennies. Nous avons baissé les effectifs et les armées sont devenues un modèle réduit, certes efficace et reconnu comme tel, mais surtout dédié à des opérations extérieures (Opex) limitées. » Le retour de menaces multiples a créé une « surprise stratégique ». Mais transformer des armées essentiellement formatées pour les Opex en des armées prêtes à affronter la haute intensité « ne s’accomplit pas en une seule fois », sachant que « nous ne pourrions pas retourner aux effectifs d’antan, et que les matériels sont très chers ».

Dès lors, nous nous raccrochons à Thucydide. « La force de la cité ne réside ni dans ses remparts, ni dans ses vaisseaux, mais dans le caractère de ses citoyens », écrivait l’historien athénien au Ve siècle avant notre ère. Le Président de la République a cité cette phrase d’emblée lors de son discours sur la politique de défense du 13 juillet 2022, en précisant que la force morale « ne [serait] jamais un acquis » : « Elle est une transmission, une dynamique, un chemin. » La ligne est donc tracée : remettons le citoyen dans la boucle, en axant l’effort sur la jeunesse. « Nos compatriotes doivent connaître l’Histoire pour éviter d’être abusés par les fausses informations », indique Sylvain Mattiucci. Comment ? En la travaillant dès l’école, en soutenant l’enseignement de défense et en entretenant la mémoire combattante. Il s’agit de « commémorer autrement pour sortir de représentations un peu vieux jeu que la jeunesse peut identifier à des funérailles ». Le but ? Entretenir « le patriotisme, pas le nationalisme ». La méthode ? Cultiver cet héritage historique et démocratique grâce auquel « ce qui nous unit est plus important que ce qui nous sépare ». Avec une formule : « La Nation, ce n’est pas un hall de gare, c’est un héritage commun à cultiver. »

Impliquer la jeunesse

Un hall de gare a pourtant parfois du bon, juge pour sa part Louis Teyssedou, enseignant d’histoire au lycée professionnel Édouard Gand, à Amiens. Nous lui devons la découverte des photos de Raoul Berthelé, un officier qui a réalisé des milliers de clichés pendant la Grande Guerre. Rien qu’à Amiens, 400 en 1915 ! L’enseignant en tire une première exposition2 et implique ses élèves. Une seconde, sur la période 1915-1918, se déroule ensuite dans la gare d’Amiens. « Une gare, c’est la Nation qui voit ces photos, 6 000 personnes par jour ! », s’enthousiasme le professeur auprès de la DMCA, qui lui accorde un soutien financier. Ainsi portée, l’initiative va de plus en plus loin. Sur ces photos, figurent des soldats indiens. Louis Teyssedou contacte un historien indien, qui l’invite à une conférence : « Venez avec des lycéens ! » La DMCA s’implique dans cette opération de mémoire partagée. Une délégation de dix adolescents s’envole vers New Delhi en avril 2023. Opération bénéfique, selon l’enseignant : « Une relation non prévue s’est tissée entre ces jeunes qui jouent à Call of Duty et cette armée qu’ils ne connaissaient pas. » Depuis, deux lycéens se sont même engagés sous les drapeaux et les voyageurs ont découvert que, en Inde, il n’existait pas de mémoire officielle de la Première Guerre mondiale. Comme un écho à cette mémoire « qui s’éloigne » en France : « Ces jeunes sont nés en 2004. À table, le dimanche, ils n’ont plus personne pour parler de la Seconde Guerre mondiale. Cela leur a permis de raccrocher les wagons », se réjouit Louis Teyssedou.

À travers ce genre d’actions menées avec d’autres ministères3, la DMCA soutient 800 à 900 projets pédagogiques par an. Ils touchent 70 000 à 80 000 élèves sur chaque classe d’âge. Des chiffres importants, même si chacune de ces classes d’âge comprend au moins 80 0000 élèves. « Or, l’enseignement de défense est un enjeu majeur dans le contexte géopolitique actuel et le retour des conflits en Europe », explique Anne-Gaël Le Mener. La cheffe du bureau de l’action pédagogique et de l’information mémorielles à la DMCA souhaite donc sensibiliser davantage les enseignants et mieux les former aux enjeux de défense, sans empiéter sur leurs prérogatives. « Ils sont à la manœuvre. Nous suggérons, nous leur apportons des outils et des ressources pédagogiques de plus en plus variés, en lien avec les programmes scolaires diffusés sur notre site cheminsdememoire.gouv.fr. Mais ce sont bien eux qui décident et construisent leurs cours. Le but, c’est qu’ils s’approprient ces questions. »

Et cela fonctionne, assure Sylvain Mattiucci : « Même s’il y a toujours des réticences, des enseignements refusés il y a vingt ans sont de plus en plus acceptés. » À son passage en collège militaire à la fin des années 1970, le patron de la DMCA a connu des périodes où lui et ses camarades avaient interdiction de sortir en tenue. « Aujourd’hui, c’est l’inverse. Tout le monde veut son militaire. » Une demande qui accompagne un « consensus relatif ». Selon la sociologue Anne Muxel4, les réflexes antimilitaristes ont disparu. D’après ses enquêtes, quatre jeunes sur dix envisageraient une carrière dans les armées. « Même si seulement 5 % d’une classe d’âge passe à l’acte, ce n’est pas négligeable. » Beaucoup ont envie de s’engager pour diverses raisons, « à condition que certains stigmates pesant sur les armées puissent changer ». Ils désirent ainsi moins de verticalité dans les décisions, une obéissance « mieux expliquée », plus de réciprocité.

1 Concept relancé après la chute du mur de Berlin par le chercheur américain Francis Fukuyama.

2 Sur ce sujet, Louis Teyssedou a publié le livre L’autre guerre, les visages de l’arrière-front (Les Éditions

de l’Atelier, 2022).

3 Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, secrétariat d’État à la Mer.

4 Ancienne directrice du domaine « défense et société » à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire et directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique.

Une lycéenne d’Amiens dépose des œillets sur une plaque funéraire au National War Memorial - Inde © Gabriel Girard

Doubler la réserve

Les citoyens frappent aussi à la porte de la réserve, « trait d’union qui dynamise le lien », assure le colonel Poisbeau. Dans cette optique, la Garde nationale, créée en 2016 et qui regroupe plus de 77 000 réservistes opérationnels du ministère des Armées ainsi que du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, joue un rôle « fédérateur » : « On s’engage pour “ faire face ensemble”, explique son secrétaire général adjoint. Avec la réserve, les armées sont dans la société et inversement. Et elles assurent une formation. » Pour une finalité opérationnelle : « Parfois, la compétence figure dans le civil. Parfois, c’est l’inverse. Nous ne pouvons pas faire nos armées sans société civile. »

Un objectif a été fixé, ambitieux : doubler les effectifs au plus tard en 2035. Pour l’atteindre, la réserve doit être mieux connue. « Notre jeunesse a besoin de témoins, de concret, de voir comment la réserve a enrichi personnellement et professionnellement ceux qui en ont fait le choix, afin de se demander “pourquoi pas moi ?” », résume le colonel Poisbeau. Elle fait donc actuellement l’objet d’une profonde refonte. « Nous changeons complètement notre modèle », abonde le général Gardy. Une nouvelle philosophie se déploie avec « un modèle à 300 000 hommes : 200 000 d’active et 100 000 réservistes ». Au 1er août, le délégué interarmées des réserves élargira ses missions pour prendre la tête d’une division « Cohésion nationale » qui traitera toutes les problématiques liées au sujet. L’inspiration vient aussi d’Ukraine, « très pertinente sur les réservistes ». Selon le général Gardy, le pays a vécu la montée en puissance de sa réserve « sous contrainte » en 2014, lors de l’invasion du Donbass. Le modèle n’étant pas au point, les Ukrainiens ont perdu. D’où la création d’une réserve territoriale par province et d’unités de combat qui étaient prêtes, en février 2022, à tenir un morceau de front ou à remplacer des unités professionnelles. « En quelques années, les Ukrainiens ont atteint un bon niveau de “ forces morales”. Leur exemple nous rend assez optimistes. »

Le renforcement de la réserve est l’une des priorités du ministère des Armées. © SM Corentin Charles/Marine nationale/Défense

La bonne image des armées françaises, mais…

Pour mener cette opération de séduction, les armées françaises comptent sur leur bonne image[1]. « La plupart des militaires sont conscients que cette image est fragile », rappelait cependant le rapport d’information parlementaire sur la Préparation à la haute intensité, publié le 17 février 2022. Le document citait, entre autres, Corps et âme[2], un livre écrit par le médecin-colonel des forces spéciales Nicolas Zeller. Évoquant son retour d’Afghanistan, il expliquait avoir souffert de « l’indifférence positive » de la Nation, alors « durement ressentie par les militaires ». Pour Bénédicte Chéron, la bonne image n’est pas forcément juste, car les Français ignorent souvent ce que vivent les militaires. En conséquence, « la manière dont ils les soutiennent peut être volatile », note-t-elle. Le général Gardy l’admet : « Moins nous sommes connus, plus les citoyens ont un avis favorable sur nous. Mais sur quoi cet avis se fonde-t-il ? Sur ce qu’ils voient à la télé. Or, c’est parfois éloigné de notre réalité. »

Et le débat manque, faute d’appétence des principaux médias télévisuels pour les grands thèmes de la défense. Dans les années 1970, l’exposition était assez exhaustive, quitte à provoquer un clivage sur l’arme nucléaire ou le service militaire. « C’est moins le cas aujourd’hui, déplore Bénédicte Chéron. Le champ paraît réservé à quelques professionnels de la politique de défense – élus, hauts fonctionnaires, militaires. Intéresser les Français à ce sujet semble parfois plus dangereux que bénéfique pour certains. » Pour l’historienne, ce fonctionnement en cercle restreint ne résulte « d’aucune volonté concertée, juste de mécaniques à l’œuvre ». Selon elle, seul un débat élargi corrigerait cette faiblesse et permettrait « d’anticiper les questions qui surgiront inévitablement quand il y aura davantage d’adversité ». Ainsi se combattrait cette « forme d’impréparation à la guerre », constatée par Anne Muxel, de générations habituées à vivre en temps de paix. Et qui, même si elles se disent prêtes moralement, ne le sont sans doute pas concrètement. « Une conscience se développe des menaces géopolitiques, estime la sociologue. La possibilité d’une guerre mondiale est l’une des peurs qui travaillent l’opinion. Le conflit en Ukraine a réintroduit du tragique. »

[1] 82 % des Français ont une bonne image des armées, d’après l’enquête omnibus défense d’avril 2023.

[2] Éditions Tallandier, 2021.

Dossier réalisé par Michel HENRY.

Le saviez-vous ?

Pour atteindre l’objectif de 105 000 réservistes d’ici à 2035, les ressources humaines de la réserve se transforment. « Nous élargissons et allégeons le processus de recrutement, explique le général Bruno Gardy, le délégué interarmées aux réserves. Nous disons aux citoyens volontaires “venez avec vos compétences”. Avant, à un candidat de 49 ans, j’aurais dit  : “Non, il n’y a pas ta taille”. Maintenant, je lui demande : “Quelles sont tes compétences ?” » Les différents corps ont été sollicités. « Nous avons demandé aux armées d’ouvrir leurs chakras et de nous dire comment elles voulaient se transformer. » Parmi les évolutions importantes, la plus novatrice à ses yeux : celle de la Marine nationale, qui créera des réservistes des flottilles côtières pour élargir sa présence militaire sur les côtes.

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Forces morales : la défense de la Nation par la Nation

Le slogan du défilé du 14 Juillet est « Nos forces morales ». En effet, la mobilisation de la population ukrainienne face à l’agression russe démontre l’importance du lien entre une Nation et les militaires qui la défendent en cas de conflit. Qu’en est-il de la France et de ses « forces morales » ?

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