[Esprit défense n°10] HADR Tonga Assist : « Embarquer un maximum de fret et le décharger au plus vite »
En 2022, le capitaine de corvette Romain, alors commandant du patrouilleur de la Marine nationale La Glorieuse, a dirigé une mission d’aide humanitaire et de secours (HADR1) aux îles Tonga après une éruption volcanique. Cet article est tiré d’Esprit défense n°10.
Comment l’opération a-t-elle été déclenchée ?
Capitaine de corvette Romain : L’état-major des forces armées de la Nouvelle-Calédonie (FANC) souhaitait utiliser notre patrouilleur. Notre mission était de porter assistance aux îles Tonga en acheminant du fret humanitaire rapidement. Or, ce n’est pas du tout notre cœur de métier. Les 30 marins de l’équipage ont donc transformé un patrouilleur en un bâtiment de soutien et d’assistance logistique. Nous avons embarqué 26m3 de fret le lundi 24 janvier 2022, pour une arrivée sur place le jeudi matin.
Comment était la situation à votre arrivée ?
Difficile pour trois raisons. La première : la menace de la Covid-19 circulait à Nouméa et nous devions intervenir dans un pays épargné par la maladie. Nous ne devions pas ajouter une catastrophe épidémiologique à une catastrophe naturelle. Il fallait trouver un protocole sanitaire afin de décharger le fret sans entrer en contact avec la population. La deuxième : le nombre important d’acteurs internationaux sur place. Il y avait un afflux massif de fret humanitaire. La dernière difficulté reposait sur la faible autonomie de notre bâtiment. Un patrouilleur a pour mission de patrouiller. Son rôle est d’aller vite, mais jamais longtemps. En général, notre autonomie ne dépasse pas sept jours. Or, cette mission en nécessitait 14, sans ravitaillement.
Quel était votre rôle sur place ?
Tout d’abord, je devais entrer en contact avec les autorités tongiennes, directement ou par l’intermédiaire des partenaires régionaux. L’objectif était de nous coordonner avec les autres nations pour que chacun décharge son fret. La situation d’urgence a rendu indispensables de nombreux échanges avec les forces australiennes et néo-zélandaises.
Concernant mon équipage, mon rôle était de conserver sa motivation. Un seul quai était mobilisé pour le déchargement du fret de chaque nation. Nous y allions au compte-gouttes. Nous devions donc nous insérer dans ce plan d’occupation du quai afin d’obtenir un créneau, en plus de valider le protocole sanitaire. Pour l’équipage, la mission était donc plus complexe que prévu. La certitude de contribuer à tenir la place de la France dans la région auprès de nos partenaires océaniens nous a grandement aidés.
Recueilli par Margaux Bourgasser.
1Humanitarian Assistance and Disaster Relief.
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