« Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?  Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne ? » Ces paroles vous parlent-elles ? Elles sont tirées du fameux Chant des partisans, symbole de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Anna Marly, une Française d’origine russe, compose la chanson qui est ensuite traduite en mai 1943 par l’écrivain Joseph Kessel et par son neveu Maurice Druon, tous deux engagés dans les Forces françaises libres. Elle vient d’ailleurs rythmer les émissions de la France libre à la BBC de Londres. Le chant remporte un succès immédiat et durable. Mieux : il devient même l’incarnation de la lutte contre l’occupant. André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, le sublime lors de la cérémonie d’entrée des cendres de Jean Moulin au Panthéon, en 1964. Comme un dernier hommage au résistant.

Jean Moulin, chef de la Résistance, est arrêté par la Gestapo le 21 juin 1943, à Caluire (Rhône). Quelques semaines plus tôt, le 27 mai 1943, il avait réuni pour la première fois le Conseil national de la Résistance (CNR), en plein Paris occupé. But de cette rencontre : unifier et coordonner toutes les tendances politiques de la Résistance au sein d’un seul et même organisme. Dix-huit membres composent le CNR. Dix viennent des mouvements de la Résistance, six des partis politiques et deux des syndicats. Le groupe adopte alors une motion de soutien au général de Gaulle pour le renforcer dans sa position de chef politique de la Résistance. Malgré la mort de Jean Moulin, le 8 juillet 1943, les graines qu’il a semées commencent à germer. En mars 1944, le CNR adopte le « programme d’action de la Résistance ». A la clé, un répertoire des mesures à prendre pour organiser la lutte armée jusqu’à la Libération, mais aussi une liste de réformes politiques, économiques et sociales pour l’après-guerre. Les fondations sur lesquelles la France pourra se reconstruire.

« Patria non immemor » : la Patrie n’oublie pas. Lorsqu’il crée la médaille de la Résistance française, le 9 février 1943, le général de Gaulle souhaite récompenser et reconnaître la spécificité du combat résistant. Plus de 65 000 hommes et femmes, civils et militaires, français comme étrangers, ont reçu cette distinction. Souvent à titre posthume. Mais cette décoration a aussi été décernée de façon collective : villes, stations radio, équipages de navires ou de sous-marins, régiments, couvents, hôpitaux ou bien écoles. Le général de Gaulle pérennisait ainsi la reconnaissance de la Nation envers « les actes remarquables de foi et de courage », chers à l’esprit de résistance du peuple français. « Ils furent la tête de l’immense et magnifique cohorte des fils et filles de France qui ont, dans les épreuves, attesté sa grandeur. Que leur gloire soit pour jamais compagne de notre espérance. »