Le sport dans la reconstruction des blessés

La blessure fait partie des risques du quotidien des militaires. Aider les militaires blessés physiquement ou psychiquement à se reconstruire est une priorité du ministère des Armées. Depuis plusieurs années, un dispositif global alliant accompagnement médical, professionnel, psychologique et social a été mis en place. Le sport, en permettant de repousser les barrières du handicap, est aussi devenu un allié indispensable.

Le sport collectif incite le blessé à raisonner et à agir en union avec ses partenaires. © ECPAD

La pratique du sport permet à chacun, selon sa blessure de se retrouver et de redécouvrir ses potentialités physiques. Cela encourage aussi les rapports sociaux, permet de lutter contre le stress et l’isolement, et favorise le dépassement de soi et la solidarité. Les armées l’ont compris très tôt.

Un allié de longue date

En 1958, l’Institution nationale des Invalides demande à l’Institut national des Sports, le futur Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (INSEP), de détacher un maître d’éducation physique et sportive pour conduire des « exercices rééducatifs à base sportive" au profit des blessés de l'Institution. Ces activités contribuent à la réadaptation et à la réinsertion des personnes handicapées et en premier des militaires blessés. C’est ainsi que nait en 1966 le cercle sportif de l’Institut National des Invalides (CISNI) pour permettre à des personnes invalides de pratiquer différents sports en loisir ou en compétition. Sous tutelle du ministère des Armées, il est agréé Jeunesse et Sports et affilié à la Fédération Française handisport (FFH), à la Fédération des Clubs de la Défense (FCD) et à la Fédération Française de tir (FFTir). Initialement créé pour les militaires blessés, le Cercle s'ouvre dès 1968 aux handicapés physiques de toutes origines. C'est aujourd'hui l'une des associations sportives pour handicapés les plus importantes de France, tant par le nombre de ses adhérents que par la qualité des résultats obtenus. Il accompagne des athlètes handicapés de haut niveau pouvant participer aux Jeux Paralympiques 2024.

Une offre sportive complète, adaptée et évolutive

Ces dernières années, la reconstruction et la réinsertion des blessés par le sport est devenu un axe fort de la nouvelle politique des sports et du nouveau plan d’accompagnement des blessés militaires et de leurs familles.

En 2014, le ministère des Armées a signé avec le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, le ministère des Sports et la ministre chargée des personnes handicapées un accord-cadre sur le sport pour tous et le sport de haut niveau, enrichi d’un protocole au profit des militaires blessés. Cette convention quadripartite, renouvelée en 2019 permet de mutualiser et de développer les expériences des différents ministères en matière d’accompagnement des blessés.

Le ministère a mis en œuvre une politique de reconstruction par le sport © Armée de Terre / défense

Le ministère a mis en œuvre une politique de reconstruction par le sport en lien avec les cellules d’aides aux blessés, le service de santé des Armées, l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre et les associations a permis au centre national des sports de la Défense (CNSD) de mettre en place une offre sportive complète (découverte, loisirs, compétitions), adaptée et évolutive, quel que soit le handicap. Ce parcours progressif est composé de trois étapes. Les trois phases s’échelonnent graduellement de la réhabilitation en hôpital d’instruction des armées en passant par une redécouverte de ses capacités physiques et sportives pour, le cas échéant s’orienter ensuite vers la compétition. Chaque blessé peut s’adresser à son médecin militaire référent ou à la cellule d’aide aux blessés afin de pouvoir bénéficier de l’offre de pratique sportive adaptée à sa situation. En 2015, le CNSD a aussi créé, en lien avec la fédération française handisport (FFH), un certificat de spécialisation « encadrement et entraînement sportif des blessés de la défense » pour les spécialistes de l’entraînement physique militaire et sportif (EMPS) des armées et de la gendarmerie nationale, leur donnant la possibilité de développer leurs compétences en matière d’encadrement et d’entrainement des blessés.

Les rencontres militaires blessures et sport, étape essentielle dans le parcours de vie des blessés

Organisées depuis 2012, les « Rencontres Militaires Blessures et Sport » (RMBS) marquent le point d’entrée dans le parcours de reconstruction par le sport. Ces journées permettent d’aider les militaires blessés à reprendre une activité physique en fonction de leur pathologie en rassemblant autour d’eux tous les acteurs ministériels médico-sociaux qui les accompagnent au quotidien. Les stagiaires peuvent constituer un vivier de militaires en mesure de participer aux différents évènements sportifs nationaux et internationaux.

Le sport collectif incite le blessé à raisonner et à agir en union avec ses partenaires. © ECPAD

Les sports équestres, un soutien particulier aux blessés

L’équitation adaptée est une activité équestre pour « public spécifique » où l'objectif n'est pas l'apprentissage de techniques équestres, mais l’épanouissement de personnes en souffrance physiquement et ou psychologiquement. Il s’agit d’instaurer un espace, mais aussi des situations durant lesquelles les stagiaires auront l’occasion de vivre des expériences à la fois corporelles, émotionnelles avec le cheval, ou encore au travers de l’apprentissage des fondamentaux de l’équitation. L’auto discipline, le dynamisme, la valorisation et la confiance en soi sont des qualités particulièrement activées en équitation adaptée.

Les sports équestres, un soutien particulier aux blessés © SCH Christian ALMICARO/DicoD/défense

Des rendez-vous sportifs réguliers, outil de résilience pour les blessés

Les retours d’expérience des blessés montrent la nécessité d’organiser des rendez-vous sportifs réguliers, des moments de fraternité d’armes à travers la pratique sportive. Pour cela, le CNSD a mis en œuvre le challenge Ad Victoriam, « Vers la victoire », qui rassemble blessés militaires et civils de la Défense sur un circuit de neuf étapes d’activités multisports réparties dans l’année sur le territoire. Certaines de ces étapes sont adossées à des championnats de France militaires qui peuvent être mutualisés avec les compétitions de la Fédération des Clubs de la Défense (FCD), et permettent d’associer les blessés à leurs frères d’armes des unités. Les militaires blessés participent aussi aux Invictus Games, compétition internationale multisports réservée aux militaires et aux civils de la Défense blessés ou en situation de handicap, créée en 2014 à l’initiative du Prince Harry.  L’intégration des blessés aux Jeux mondiaux militaires d’été (JMME) a été réalisée pour la première fois à l’occasion des JMME de 2015 en Corée du sud et s’est poursuivie en 2019 en Chine. Par ailleurs, le développement de la mixité des épreuves sportives entre militaires valides et blessés renforce le partage des valeurs militaires et la fraternité d’armes entre blessés et valides, français et étrangers.

Épreuve de la Warrior Race lors du challenge Ad Victoriam (2018) © CNSD

Une offre avec les familles

Le ministère des Armées associe depuis de nombreuses années les familles des militaires blessés dans le dispositif de reconstruction par le sport, notamment par l’organisation de stages multi-activités. En 2025, les familles pourront être davantage incluses dans ces stages. Le village des blessés, en cours de construction au sein du CNSD, permettra d’accueillir les blessés et leurs familles en réponse au besoin d’accompagnement des proches. Ce projet interministériel, soutenu par les associations du monde combattant et les mutuelles, concrétise un engagement fort des armées et de la Gendarmerie nationale en faveur des blessés et de leurs familles.

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