Le correspondant régional, « interface » de la DGA au plus près des entreprises

Les correspondants régionaux du service des affaires industrielles et de l’intelligence économique (S2IE) de la Direction générale de l’armement ont la lourde tâche de développer les relations avec les entreprises de défense et de connaître leurs besoins. Un rôle accru dans le cadre du passage à l’économie de guerre. Reportage dans le bassin industriel de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Jacques Rousseau, le chargé de mission PME /ETI défense du S2IE pour la région Auvergne-Rhône-Alpes © Ministère des Armées

Il est 9 heures, zone industrielle de La Grand- Croix, petite ville de la Loire située entre Saint-Étienne et Lyon. Jacques Rousseau, le chargé de mission PME[1]/ETI[2] défense du S2IE pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, entame sa tournée. L’objectif ? Rencontrer en deux jours quatre entreprises de la Base industrielle et technologique de défense [3](BITD) concernées par la remontée en cadence de la production d’armement liée au passage à l’économie de guerre. En poste depuis 2022, cet ingénieur de formation se définit comme l’interface entre la DGA et les acteurs économiques et institutionnels du secteur.

 

« Mon rôle est d’effectuer une veille économique et technologique auprès des fournisseurs de la BITD, de remonter les éventuelles difficultés et d’apporter des solutions ciblées. »

Jacques Rousseau

  • Chargé de mission PME /ETI défense du S2IE
  • Région Auvergne-Rhône-Alpes

Chaque entretien a été précédé de l’envoi d’un questionnaire. Chiffre d’affaires, trésorerie, politique cyber… Ces informations permettent à Jacques Rousseau de préparer au mieux sa rencontre.

En complément, il dispose des lettres d’information du service DGA ITE, dont l’une des missions est de fournir de la documentation sur la BITD aux acteurs de la défense.

Principale préoccupation : le recrutement

La tournée démarre par Ets Tardy, une entreprise spécialisée dans l’usinage de haute précision comme le plancher du Jaguar, l'un des blindés du programme Scorpion. Hervé Dépéry, son nouveau président depuis janvier dernier, présente son activité avec enthousiasme. La défense représente actuellement 15 % de son chiffre d’affaires. « Il est rare que je visite une société dont le chiffre d’affaires lié à la défense dépasse 50 % », relève Jacques Rousseau – la grande majorité des entreprises de la BITD sont en effet duales et œuvrent donc à la fois pour la défense et le secteur civil.

Comme beaucoup d’autres, Ets Tardy souffre avant tout d’un manque de personnel pour armer ses capacités de production et répondre aux commandes croissantes. Une problématique partagée avec Centralp. Installé à Vénissieux, sur le territoire de la métropole de Lyon, cet acteur majeur de l’électronique et des logiciels de systèmes embarqués équipe notamment le Griffon et les TGV de la SNCF. « Les carnets de commandes sont pleins. Mais je n’ai personne à embaucher », déplore Jean-Luc Logel, son PDG. Même son de cloche chez Forgital FMDL, l’un des leaders européens de la forge qui fabrique, entre autres, certains composants des sous-marins nucléaires d’attaque du programme Barracuda, et chez NBC-SYS, filiale du groupe Nexter spécialisée dans la production de solutions de lutte contre les risques NRBC (Nucléaires, radiologiques, bactériologiques et chimiques).

Des solutions concrètes

Face à ces doléances, Jacques Rousseau ne se contente pas d’écouter. Sur le volet recrutement, la DGA travaille, par exemple, avec les antennes locales de Défense mobilité[4] pour orienter les militaires quittant le ministère des Armées vers ces secteurs en tension. « Rien que sur la zone Lyon-La Valbonne-Valence, qui regroupe près de 10 000 militaires, entre 800 et 1 000 personnes sont actuellement candidates à la reconversion. » Une aubaine pour ces chefs d’entreprise qui découvrent ce nouveau dispositif.

Autre préoccupation du moment, les tensions autour de l’énergie. « Beaucoup d’entreprises craignent les coupures. C’est une question essentielle étant donné leur caractère stratégique », prévient Jacques Rousseau. Là encore, un travail de l’ombre est réalisé avec les préfectures pour mieux protéger les sociétés concernées en cas de pénurie.

À l’instar de Jacques Rousseau, 13 autres correspondants régionaux, répartis sur l’ensemble du territoire, accompagnent la BITD au jour le jour. Leur objectif pour 2023 : rencontrer 1 200 entreprises !

[1] Petites et moyennes entreprises (moins de 250 salariés).

[2] Entreprises de taille intermédiaire (entre 250 et 4 999 salariés).

[3] Ensemble des entreprises du secteur de la défense qui contribuent à concevoir et à produire les équipements pour les armées.

[4] Agence de reconversion de la défense.

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Le centre DGA Intelligence technique et économique

Pour ne rien perdre des enjeux de la BITD, le centre DGA ITE, organisme rattaché au S2IE et basé à Angoulême, réalise une veille informationnelle sur plus d’une centaine de thématiques allant de la santé économique des PME françaises à la guerre en Ukraine. Évolution réglementaire, comptes annuels, problème de trésorerie, état du matériel sur le flanc est de l’Otan… Envoyées sous forme de lettres d’information, ces données alimentent quotidiennement les réflexions et les décisions de la communauté de défense.

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Le saviez-vous ? La DGA à l’écoute

Afin d’accompagner les PME, les ETI et les sous-traitants de la BITD (ou qui souhaiteraient la rejoindre), une hotline répond à leurs sollicitations.

Accessible gratuitement au 0 800 02 71 27, ce service proposé par la sous-direction des petites et moyennes entreprises du S2IE traite tous les sujets : retard de paiement, soutien à l’exportation, obtention de label, accès à des marchés publics, médiation... L’objectif ? Écouter les entrepreneurs, analyser leurs besoins et apporter des solutions concrètes à leurs problèmes. Sur l’année 2022, plus de 800 dossiers ont été traités.

Dossier : « Produire plus et plus vite, le défi ! »

Face au conflit lancé par la Russie en Ukraine, l’industrie de défense française est entrée depuis plusieurs mois en « économie de guerre ». L’objectif : être capable d’assurer un effort dans la durée en cas de nécessité pour nos armées ou au profit d’un partenaire.

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