LPM 2024-2030 : face aux menaces, des moyens
Face à la dégradation du contexte stratégique et au retour de la guerre en Europe, la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 répond aux nouvelles menaces auxquelles nos armées sont confrontées. Avec un budget historique de 413 milliards d’euros, son ambition est de les « transformer » dans la durée.
Menaces
L’invasion de l’Ukraine par la Russie constitue un glissement stratégique, qui accélère certaines tendances déjà observées tout en faisant émerger de nouvelles.
L’une des caractéristiques de ce conflit est la menace d’escalade nucléaire par un État doté. Elle est associée à l’effondrement de l’architecture de maîtrise des armements et à la persistance des crises de prolifération.
La guerre conduite par la Russie se caractérise également par le retour d’une stratégie globale associant des actions hybrides et des opérations de haute intensité dans la profondeur. Ce conflit constitue le retour d’une vraie guerre symétrique dans tout le spectre multimilieux et multichamps et révèle le besoin de masse, de densité et de l’action interarmées.
L’hybridité et la compétition dans les espaces communs rendent essentielle la maitrise de ces nouveaux champs de conflictualité pour mieux prévenir, détecter, attribuer et contrer ces attaques volontairement ambiguës.
En parallèle, la mouvance djihadiste internationale continue de poser un défi sécuritaire, aussi bien pour les Occidentaux que pour les pays fragilisés du monde musulman, de l’Afrique à l’Asie du sud-est. Certains pays africains sont également la cible de sociétés militaires privées, groupes armés ou milices utilisés comme intermédiaires par nos compétiteurs afin de démultiplier leurs actions de contestation ou de compétition.
Dans l’Indopacifique, la stratégie de la Chine et la modernisation de son appareil militaire font craindre un risque d’instabilité stratégique. Il justifie l’affirmation de la France comme puissance d’équilibres et comme partenaire diplomatique et militaire de premier plan.
L’accélération des effets du réchauffement climatique, possiblement doublée d’une crise alimentaire mondiale, pourrait exacerber les phénomènes migratoires et créer de nouveaux foyers de tension. Nos territoires ultramarins se trouveraient de plus en plus exposés aux conséquences sécuritaires de ces tendances de fond, susceptibles de requérir un engagement renforcé des armées.
Moyens
Prenant acte de ces nombreuses menaces, la LPM permettra de :
- maintenir la crédibilité de notre dissuasion ;
- renforcer la résilience sur le territoire national, notamment les Outre-mer, et l’affirmation de notre souveraineté ;
- anticiper la haute intensité et un engagement majeur en veillant à renforcer notre réactivité et notre capacité à soutenir un effort dans la durée ;
- défendre les espaces communs, nouveaux lieux de conflictualité ;
- repenser et diversifier les partenariats stratégiques pour renforcer nos capacités d’influence, de prévention et d’intervention au-delà de nos frontières ainsi que notre capacité d’entrainement de nos alliés et partenaires pour mener en tant que nation cadre, si nécessaire, une opération d’envergure.
Le montant des besoins programmés s’élève à 413,3 milliards d’euros avec une hausse budgétaire de plus de 3 milliards d’euros chaque année.
L’article 3 du texte présente les ressources financières sous-tendant la programmation militaire année par année : elles représentent 400 milliards d’euros courants de crédits budgétaires. À ces crédits s’ajoutent des ressources extrabudgétaires. Parmi elles : l’intégralité du produit des cessions immobilières du ministère des Armées, des redevances domaniales et des loyers provenant des concessions ou autorisations de toute nature consenties sur les biens immobiliers affectés au ministère.
Le dossier de la LPM 2024-2030
La loi de programmation militaire 2024-2030 : les grandes orientations.
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