Le général de Gaulle l’appelait « le photographe » en raison d’un patronyme un peu difficile à énoncer. Son nom ? Léon Herschtritt. Décédé en 2020, l’homme a immortalisé, avec son appareil photo, tout un morceau de la V^e République. De la guerre d’Algérie à la construction du mur de Berlin, de l’Afrique de l’Ouest au palais de l’Elysée… le tout dans une période marquée par la décolonisation et la Guerre froide. Parmi ses nombreux clichés, une figure tenait une place prépondérante : Charles de Gaulle.

Le musée de l’Armée-Invalides a justement lancé, en septembre dernier, une campagne d’appel aux dons sur la plateforme Ulule pour acquérir un lot de 70 photographies et de 3 planches-contacts extraites des archives personnelles de l’artiste. Parallèlement à cette souscription publique soutenue par la Fondation Charles de Gaulle, le musée de l’Armée exposera, du 7 novembre 2023 au 31 mars 2024, une quarantaine de ces images centrées sur les années gaulliennes. « L’obtention de ces photos viendra enrichir les futurs parcours permanents du musée : ''Colonisation, décolonisation : une histoire en partage'' et '' Après 1945, de la Guerre froide à nos jours'' », révèle le général de division (2s) Henry de Medlege, directeur du musée de l’Armée-Invalides.

Photographe humaniste

Léon Herschtritt se forme d’abord aux cours du soir à l’Ecole nationale de la photographie. Il est très vite attiré et influencé par le « réalisme poétique » du courant humaniste. Une étape de sa vie va alors lui servir de tremplin : son service militaire. En mission officielle en Algérie, il est aux premières loges pour couvrir le fameux discours prononcé par le général de Gaulle, le 4 juin 1958, ponctué d’un mémorable « Je vous ai compris ». De retour en métropole il obtient, en 1960, le Prix Niépce¹ grâce à une série consacrée aux enfants d'Algérie. Léon n’a que 24 ans et demeure à ce jour le plus jeune lauréat à avoir remporté cette distinction. Dans l’ombre de l’homme du 18 Juin, il a su capter, de 1958 à 1970, une autre facette du personnage politique. « Une facette officielle mais aussi intime », conclut Henry de Medlege.

^{1 Créé en 1955, le Prix Niépce est le premier prix de photographie professionnelle en France. Il est décerné chaque année par l'association Gens d'images.}