Conférence sur la défense aérienne et anti-missile en Europe : « Une dynamique est née »

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 23 juin 2023

Le général Jean-Marc Vigilant, chef de l’équipe en charge de la conférence sur la défense aérienne et anti-missile en Europe, se félicite des avancées obtenues lundi lors de l’événement. Il pointe notamment la prise de conscience sur la nécessité de développer des capacités de défense communes.

Le général Jean-Marc Vigilant, conférence sur la défense aérienne et antimissile en Europe, 19/06/23 © SGT GAUTIER Philippine/ECPAD/Défense

La conférence sur la défense aérienne et anti-missile en Europe avait pour ambition de susciter chez les participants une prise de conscience en faveur d’une défense aérienne commune et souveraine. Est-ce le cas ?

Oui, la conférence a atteint ses objectifs. Les participants ont fait valoir leur volonté de contribuer au développement de capacités européennes en matière de défense aérienne et antimissiles. Tous ont convenu de la variété des menaces auxquelles est confronté l'espace aérien européen, et donc la nécessité d'y répondre sur tout le spectre. Cela va des menaces représentées par les petits drones ou les essaims de drones, jusqu'aux missiles hypersoniques ou balistiques. Les pays ont aussi apprécié l'initiative de la France de créer un cadre informel pour une réflexion stratégique et opérationnelle, et pas uniquement industrielle. De leur côté, les États s'appuyant sur des systèmes d'armes non européens ont expliqué leur choix. Ils les ont justifiés notamment par des situations d’urgence. Chacun a précisé que ces matériels constituaient un pont, une solution d’appoint en attendant que l'Europe ne développe ses propres capacités.

Au-delà du constat unanime sur la variété des menaces, quels sont les points qui restent en débat ?

Une différence de perception réside sur la dissuasion. Pour les pays qui possèdent l’arme nucléaire, comme la France, cette dissuasion joue un rôle fondamental dans la défense du territoire européen. Elle protège contre les menaces les plus dangereuses, en particulier contre les missiles balistiques. De l’autre côté, les États non dotés, mais appartenant à l’Otan, orientent la discussion sur les défenses aériennes conventionnelles. Tout l’enjeu est là : il faut trouver un équilibre entre le renforcement des forces conventionnelles, mais sans entamer la crédibilité de la dissuasion nucléaire.

Parmi les objectifs de la conférence, figurait aussi le lancement, à terme, de projets industriels. Quel a été le résultat sur ce point ?

La conférence s’est conclue par la signature d’une lettre d'intention entre la France, la Belgique, Chypre, la Hongrie et l'Estonie pour l'acquisition groupée de 700 de missiles Mistral. Pour la première fois, cette acquisition est réalisée grâce à l’instrument européen EDIRPA. Son principe : si au minimum trois États européens achètent ensemble du matériel européen, alors la Commission européenne participe financièrement à l’achat, faisant diminuer le prix de revient. C’est une fierté car la France a initié la création de cet outil lors du sommet de Versailles de mars 2022.

Ce dialogue va-t-il se poursuivre, sous ce format, dans d’autres capitales européennes ?

L’enjeu de la conférence était de susciter une dynamique européenne. Nous n’avions pas l’ambition de résoudre le problème de la défense aérienne européenne en une journée. Nos alliés ont pris la balle au bond puisque l'Italie, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont proposé d'organiser des conférences similaires l'année prochaine. Finalement, nous avons réussi à créer les conditions d’un dialogue informel, en dehors des cadres institutionnels existants de l’Otan ou de l’Union européenne, pour faire avancer cette discussion stratégique sur notre défense aérienne européenne.

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