Bertrand Rondepierre : « professionnaliser l’usage de l’IA pour gagner la guerre »

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 15 mars 2024

A l’occasion du lancement, le 8 mars, de la stratégie ministérielle sur l’intelligence artificielle (IA), Sébastien Lecornu a annoncé la création de l’agence ministérielle pour l’IA de défense (AMIAD). Sa mission : permettre à la France de maîtriser souverainement ces technologies pour ne pas dépendre des autres puissances. Son directeur, Bertrand Rondepierre, nous présente les ambitions de cette nouvelle agence.

Bertrand Rondepierre, directeur de l’agence ministérielle pour l’IA de défense. © Vincent Allibert / Ministère des Armées

Pourquoi créer une agence ministérielle dédiée à l’IA de défense ?

L’usage de l’intelligence artificielle au sein du ministère des Armées ne date pas d’aujourd’hui. Dès 2018, nous avons pris le virage de l’IA en engageant des investissements et près de 400 projets. Cependant, nous assistons depuis l’année dernière à une accélération très significative de la maturité de cette technologie qui nous oblige à changer de rythme. Aujourd’hui, l’IA ne relève plus seulement du domaine de l’innovation mais doit être considérée comme une technologie relevant des applications opérationnelles. Il suffit de regarder l’ensemble des développements réalisés chez les géants du numériques et dans l’ensemble de l’écosystème industriel de l’intelligence artificielle pour s’en convaincre. Aussi, la mission de l’AMIAD n’est pas de pousser une vision, de convaincre ou d’évangéliser le ministère sur les sujets de l’IA mais de contribuer à la transformation des armées. En clair, il s’agit de s’outiller pour gagner la guerre.

Quel sera son rôle et ses principales missions ?

En se basant sur les initiatives développées depuis 2018, l’AMIAD a vocation à professionnaliser l’usage de l’IA dans les armées. Premièrement, en réintégrant des capacités souveraines au sein du ministère, notamment pour exploiter certaines de nos données les plus sensibles. Deuxièmement, en mettant en place de nouveaux modes de collaboration avec l’écosystème académique et industriel lié à l’IA. C’est le sens de la création du pôle recherche à Palaiseau (Essonne). Selon les cas d’usage, il pourrait par exemple donner la possibilité à des chercheurs et des industriels de travailler sur des données plus ou moins sensibles. Ces experts pourraient également accéder au ministère pour leurs travaux, en collaboration avec l’agence. Le panorama de l’industrie de l’IA française est aujourd’hui florissant. Le ministre des Armées a cité dernièrement l’exemple d’Arthur Mensch et Mistral AI. L’AMIAD a une place à trouver et des liens à tisser au travers de collaborations, au même titre que n’importe quel acteur de l’écosystème.                     

Quelles seront les conditions de succès de l’AMIAD ?

Les conditions du succès de l’AMIAD dépendent de trois facteurs. Premièrement, l’accélération. La priorité est de déployer l’IA au sein du ministère de façon opérationnelle et de le faire à un rythme soutenu. Deuxièmement, la subsidiarité. Si l’AMIAD a vocation à incarner la politique de l’IA au sein du ministère, ce n’est pas en préemption mais au contraire dans une logique de collaboration, de co-construction et d’appui. L’agence va centraliser des moyens et des expertises qui ont vocation à alimenter et coordonner l’ensemble des démarches et initiatives du ministère. Troisièmement, l’intégration au sein du ministère. L’IA ne pourra et ne doit pas vivre de façon autonome. Les développements permis par l’AMIAD auront vocation à être partie intégrante de la gouvernance et des processus opérationnels pour s’assurer d’un atterrissage effectif.

Sur quels moyens financiers, humains et techniques pourra-t-elle compter ?

Si l’intelligence est artificielle, elle provient avant tout d’une intelligence humaine, avec l’expertise dont nous avons besoin pour y parvenir. Pour cela, l’AMIAD va se répartir sur deux localisations majoritaires : d’une part Palaiseau qui sera le fer de lance de l’AMIAD sur son volet recherche et qui aura vocation à accueillir, en collaboration avec nos partenaires académiques, des équipes de recherche. Et d’autre part à Bruz, à proximité de Rennes, sur le site de DGA-MI où le pôle technique constituera un réservoir de compétence unique en ingénierie IA au sein du ministère. Ces deux ensembles représentent, comme indiqué par le ministre, 300 talents qui seront recrutés d’ici 2026.

Comme annoncé également par Sébastien Lecornu, l’AMIAD sera dotée de 300 millions d’euros par an sur la loi de programmation militaire pour mener à bien sa mission. Ces moyens nous permettront de disposer de moyens de calcul importants. Ceux-ci sont déterminants pour la conception et la mise en production de nos IA de façon souveraine, et d’autant plus maintenant avec l’avènement des IA génératives.

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ia@def.gouv.fr

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