L'ENSIM forme les futurs ingénieurs militaires d'infrastructure

Direction : SGA / Publié le : 06 juillet 2023

Créée en 2010, l’École nationale supérieure des ingénieurs de l'infrastructure militaire (ENSIM) forme les futurs ingénieurs militaires d'infrastructure (IMI) du Service d’infrastructure de la Défense (SID). En opérations extérieures ou en métropole, les IMI constituent un corps d’officiers essentiel à la capacité opérationnelle des Armées. Rencontre avec son directeur, le colonel Jean-Yves Picaut.

Le directeur de la division de la formation initiale et le directeur de l'ENSIM © E. Rabot/SGA/COM

ENTRETIEN - Colonel Picaut, directeur de l'ENSIM : « les ingénieurs militaires de l'infrastructure (IMI) ont vocation à servir en tout temps et en tout lieu, au service des forces armées »​​

Comment entre-t-on à l'ENSIM ?

Colonel Picaut : « Créée en 2010, l'ENSIM est une école d'officiers ingénieurs qui s'est enrichie en 2022 d'un centre de formation pour tous les métiers de l'immobilier et de l'infrastructure du ministère des Armées. Le Service d'infrastructure de la Défense (SID) comprend 6 700 agents, 30% de militaires et 60% de civils, tous grades et niveaux confondus (Officiers/ingénieurs, sous-officiers/techniciens, militaires du rang/dessinateurs et agents de maintenance). Près de 4 300 stagiaires par an bénéficient des formations de l'ENSIM. S'agissant des IMI de carrière formés à l'ENSIM, ils y entrent principalement par voie de concours, à l'issue des classes préparatoires de physique-technologie ou de physique-sciences de l'ingénieur. Lors du concours commun aux grandes écoles, les jeunes candidats choisissent l'ENSIM dans la liste des écoles souhaitées. Ils sont ensuite évalués par des épreuves écrites et orales. Il est aussi possible d'entrer à l'ENSIM « sur titre ». De jeunes ingénieurs déjà diplômés dans un domaine de l'infrastructure qui nous intéresse, rejoignent l'école ».

Comment se déroule le cursus ?

COL Picaut : « Pour la voie de concours issue des classes préparatoires, le cursus de formation initiale dure quatre ans. La première année de formation est militaire et entièrement dédiée au rôle d'officier et à la « militarité ». Ensuite les trois années de formation académique débouchent sur un diplôme d'ingénieur de gestion durable et des constructions (IGDC). Ce cursus d'ingénieur est le « standard » de l'ENSAM (Ecole nationale des Arts et Métiers – campus d'Angers) chargé d'assurer cet enseignement académique à travers d'un partenariat spécifique.

Pour la voie dite « sur titre », les ingénieurs ne réalisent que l'année de formation militaire. Cette dernière est réalisée en immersion au sein des Armées. La promotion est répartie dans les trois écoles d'officiers de formation initiale, Saint-Cyr Coëtquidan, l'Ecole de l'Air et de l'Espace et l'Ecole Navale. Puis chaque élève effectue un stage long dans une unité militaire dont la mission est au cœur de la préparation opérationnelle ou du combattant. Il s'agit généralement d'un régiment (armée de Terre), d'une unité de fusiliers commandos (armée de l'Air) ou encore d'un embarquement sur un bâtiment de la Marine nationale. Les élèves-officiers y sont en situation de responsabilité et d'apprentissage du commandement (groupe/section de combat, passerelle ou énergie propulsion sur un bateau militaire).

L'ENSIM dispense une formation complète, humaine et technique. Ainsi quel que soit leur mode de recrutement les jeunes IMI intègrent le SID avec une double formation d'ingénieur et de militaire ».

Quels sont les atouts de votre école ?

COL Picaut : « Il s'agit d'une école jeune dont l'organisation est bien optimisée grâce aux partenariats développés tant pour la formation militaire (avec l'EMAC, l'EAE, l'EN) que pour la formation académique (avec l'ENSAM). La formation militaire est importante car elle prépare les élèves aux différentes cultures d'armées ce qui facilitera plus tard le dialogue et leur compréhension dans l'exercice de leurs métiers de soutien infrastructure des Armées, directions et services.

En outre, les officiers de carrières sortant de l'ENSIM alimentent le corps des ingénieurs militaires de l'infrastructure (IMI). Ce corps de spécialistes de 700 officiers IMI, est aussi le corps de direction et d'encadrement du SID. Il constitue la « colonne vertébrale » du SID. Ces officiers ont vocation à servir en tout temps et en tout lieu, au profit des forces armées, notamment dans le cadre des opérations extérieures. Le SID a besoin de militaires parfaitement acculturés aux besoins infrastructure spécifiques des Armées. Ils peuvent ainsi soutenir les Armées y compris en situation de crise ou de conflit, avec réactivité en garantissant le niveau de disponibilité nécessaire de leurs installations, concourant directement à leurs capacités opérationnelles.

Parmi ces installations se trouvent les postes de commandement et de transmissions, les bâtiments de stockage et d'assemblage de munitions, dont celles participant à la dissuasion nucléaire, les hangars et ouvrages de maintenance des équipements militaires (aéronefs, engins blindés, bateaux de guerre, sous-marins…) ou plus généralement les infrastructures portuaires, aéroportuaires, les champs de tir et camps de préparation du combattant. Ces infrastructures sont de véritables bases d'entrainement ou de projection des forces.

Outre la contribution infrastructure aux missions permanentes du théâtre national (dissuasion, sûreté aérienne, protection terrestre, défense maritime du territoire…), nous avons des ingénieurs militaires sur tous les théâtres d'opérations extérieures. Nous avons démonté Barkhane (au Sahel). Actuellement, nous sommes présents en Roumanie et en Estonie pour soutenir les forces présentes.

Le SID soutient aussi les forces françaises stationnées au Liban, en Jordanie, au Tchad, au Niger, aux Emirats arabes unis. Ouverte sur le monde, l'ENSIM forme des militaires et des ingénieurs en infrastructure, qui agissent là où sont les forces françaises ».

Quels sont les débouchés de l'ENSIM ?

COL Picaut : « Un jeune ingénieur militaire d'infrastructure se destine à travailler au sein d'un établissement du SID en exerçant un des trois grands métiers du SID : la maîtrise d'ouvrage (conduite d'opérations), la maîtrise d'œuvre (de la conception à la réalisation) et la maintenance (maintien en condition, gestion du patrimoine, dépannage). Ensuite, il a vocation à assumer des niveaux de responsabilités croissants, attachés à ces différents métiers. Il peut se spécialiser dans des infrastructures particulières, uniques au sein du ministère des Armées (cf infrastructures de stockage de munitions, infrastructures à vocation nucléaire…). Les IMI peuvent aussi devenir experts dans des domaines tels que l'eau, l'environnement, l'énergie, l'aéroportuaire, l'effet des armes…

C'est une des particularités du parcours de nos ingénieurs militaires d'infrastructure que de proposer une carrière aux métiers variés et aux missions enrichissantes ».

Quels sont les défis de demain qui attendent les ingénieurs militaires ?

COL Picaut : « Le premier défi est lié à l'enjeu général auquel fait face notre société et tous les citoyens en matière de préservation de notre planète. Dans ce cadre, le défi de nos IMI est d'innover en matière de gestion durable des constructions. Le cursus académique initial de nos élèves est centré sur ce thème important. Il les prépare donc bien à construire plus durablement des infrastructures qui seront plus respectueuses de l'environnement pendant toute leur vie jusqu'à leur déconstruction. Tous les partenaires du SID sont concernés, les maîtres d'ouvrages bénéficiaires (armées directions et services), les maîtres d'œuvre, les entreprises du bâtiment et fournisseurs d'énergie…

La transition énergétique est également prise en compte dans les opérations extérieures. La guerre en Ukraine, rappelle à tous ce que représente le soutien logistique (besoins en eau, en énergie, le ravitaillement de pièces pour la maintenance…). Les convois logistiques engendrent des risques de vulnérabilité. Concevoir des infrastructures plus autonomes en matière d'énergie fait partie des réflexions et des réalisations du SID et de nos IMI. Ainsi est né l'éco-camp. Ce futur camp pour les forces projetées en opération intègre l'utilisation de l'énergie solaire et le recyclage de l'eau pour avoir un camp plus autonome énergétiquement et donc, moins vulnérable. Des expérimentations sont menées et les premières réalisations ont vu le jour.

L'autre défi, plus ciblé et plus proche de nous, est celui qu'emporte la prochaine loi de programmation militaire (2024 – 2029). La LPM prévoit un effort budgétaire très important au profit du ministère des Armées ; celui-ci concerne notamment l'équipement des Forces et le renforcement de certaines capacités. L'infrastructure est évidemment concernée. Actuellement, le plan de charge annuel du SID représente 2,5 milliards d'euros ; il devrait dépasser les 3,3 milliards d'ici 2029.

​Le principal défi pour les IMI et les agents du SID sera de réaliser l'ensemble des missions liées à cette augmentation de manière efficiente en maîtrisant le triptyque coût/délai/performance. La réussite de ce défi passera notamment par une adaptation de nos méthodes de travail. Et les IMI et agents du SID disposent de ce sens de l'adaptation ».

Que représente la cérémonie du 14 juillet pour l'école et le fait de voir défiler vos élèves ?

COL Picaut :​ « C'est un honneur et une fierté pour notre école et en premier lieu pour les élèves eux-mêmes que de défiler sur les Champs-Elysées. D'abord l'occasion est relativement rare. L'ENSIM défile tous les quatre ans. Au-delà de l'école, c'est aussi la possibilité de représenter l'ensemble des agents du SID qui travaillent quotidiennement au soutien infrastructure des Armées. Du cadre de vie quotidien du militaire en passant par sa préparation au combat, jusqu'à la disponibilité opérationnelle des Armées, la dimension infrastructure est présente et participe directement à la capacité opérationnelle.

Les missions du SID sont profondément ancrées dans les besoins des Armées et leurs spécificités. Ce défilé est donc une manière unique de montrer que le SID, qui œuvre souvent dans l'ombre, est un acteur essentiel du ministère pour la capacité et la disponibilité opérationnelle des Forces armées ».

Le Colonel Picaut, directeur de l'ENSIM, au lendemain de la cérémonie annuelle du SID à Angers © E. Rabot/SGA/COM

Retrouvez la vidéo de la présentation de l'ENSIM avec le Colonel David, chef de la division de la formation initiale​.

© SGA/COM

Retrouvez toutes nos photos, vidéos et infos sur le 14 juillet du SGA

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