Organisée sous forme de table rondes et d’ateliers, l’objectif de cette journée était à la fois d’échanger sur la relation SCA-fournisseurs, mais également de réfléchir sur l’avenir de cette relation dans un contexte de crise, notamment géostratégique. La journée, qui s’est déroulée à Ecole militaire, a débuté par une allocution du directeur central du SCA, le CRGHC Philippe JACOB qui, après avoir présenté les grandes actualités du Service dont notamment l’exercice ORION pour lequel le SCA a été au rendez-vous, a abordé les enjeux à venir, compte tenu du contexte géopolitique actuel. « Le retour de la guerre en Europe nous a fait basculer d’un système où l’on choisit nos conflits et où l’on a une bonne maîtrise de notre engagement à un système où l’on ne choisit ni l’un ni l’autre. Le chef d’état-major des armées souhaite redoter les services de soutien. Pour cela, il convient de dimensionner un soutien plus correct, ce qui nous impose nécessairement de faire des choix, notamment en ce qui concerne la modernisation de certaines fonctions du service, au détriment d’autres », a ainsi déclaré le directeur central.

À l’instar de la première édition du forum fournisseurs, durant laquelle le DCSCA avait mis l’accent sur l’importance de la relation entre le Service et ses fournisseurs dans un contexte d’économie de guerre (« Vous êtes de véritable acteurs de l’économie de guerre » CRGHC Philippe Jacob, 04 juillet 2022), il a de nouveau mis en avant la nécessaire confiance et le travail en équipe entre le SCA et ses partenaires, avec l’importance de donner de la visibilité aux fournisseurs dans le contexte tendu d’économie de guerre. Outre la thématique de l’économie de guerre, la dimension sociale et environnementale des achats fut au cœur des échanges entre le SCA et ses fournisseurs.

Table ronde n°1

Regards croisés sur l’économie de guerre : de l’économie en temps de crise à l’économie en temps de guerre, comment simplifier et sécuriser les chaînes d’approvisionnement et de prestations ?

Atelier n°1 : quelle visibilité donner aux fournisseurs pour produire davantage, plus rapidement et à moindre coût ?

Animé par le directeur du CIEC, le CRG2 NEUMANN, le directeur de la PFC de Rambouillet, le CRC1 Xavier, le PDG d’AVICO et le directeur général de LEO MINOR, cet atelier a permis de mettre en avant la nécessité de la visibilité des besoins et des achats entre le SCA et ses fournisseurs dans un contexte d’économie de guerre, afin notamment de pouvoir tenir dans la durée et sécuriser ainsi les chaînes d’approvisionnement pour toujours répondre aux besoins des forces armées. « L’économie de guerre n’est pas de pouvoir produire davantage en un temps record mais de tenir dans la durée. C’est un changement de rythme et d’échelle de produire qu’il va falloir tenir sur le long terme. Pour cela, la visibilité avec nos fournisseurs est essentielle et elle repose sur des échanges réguliers afin de leur donner les évolutions pour qu’ils puissent organiser leur capacité de production » a déclaré le CRG2 Eric NEUMANN, directeur du centre interarmées du soutien équipements Commissariat (CIEC). Un point de vue partagé par les fournisseurs : « l’économie de guerre, pour nous, requiert de la visibilité. Nous sommes capables de monter en compétence rapidement si nous avons de la visibilité. Le partage d’informations est essentiel » (Antoine Auzépy, DG de LEO MINOR). Un besoin en visibilité sur lequel le SCA travaille déjà, comme l’affirme le CRC1 Xavier, directeur de la plateforme Commissariat (PFC) de Rambouillet : « Nous essayons de donner cette visibilité dès lors qu’il est possible de le faire. Le but étant de réfléchir ensemble à toutes les contraintes actuelles et de voir comment nous pouvons adapter nos marchés à l’économie de guerre. Un groupe de travail entre le CIEC, la PFC de Rambouillet et les fournisseurs des domaines de l’habillement et des matériels de vie en campagne a été créé dans ce sens ».

Atelier n°2 : comment les fournisseurs mobilisent-ils leurs ressources pour répondre à la demande dans le contexte actuel ?

Lors du deuxième atelier, les intervenants ont échangé sur le thème de la mobilisation des ressources et notamment sur les éventuelles problématiques d’approvisionnement des matières premières, compte tenu du contexte géopolitique actuel et de tensions sur les marchés. « L’économie de guerre ne veut pas dire réduire les exigences sous prétexte qu’il faille produire plus rapidement. Il nous faut anticiper les contraintes de production pour ne pas altérer la qualité des produits » a ainsi affirmé le CRG2 Eric NEUMANN, directeur du CIEC. Une anticipation qui repose sur le dialogue entre le SCA et ses fournisseurs afin de pouvoir identifier les problèmes liés à la production et y pallier sans que cela n’altère la satisfaction du besoin in fine. Afin de pouvoir répondre au besoin et développer une capacité de résilience, les fournisseurs mettent en avant la capacité d’adaptation de leur personnel et leur fierté de servir les armées, comme l’atteste le directeur général de TDV Industries : « Notre personnel est fier de produire pour les forces armées, il se sent indispensable. Compte tenu des difficultés RH actuelles, nous portons un intérêt particulier à la fidélisation de notre personnel afin de pouvoir répondre à la demande ».

Après une matinée riche en échanges, les participants ont pu profiter de la pause déjeuner pour découvrir un certain nombre d’innovations développées par des entreprises partenaires du SCA, exposées pour l’occasion au sein du Pavillon Joffre. Parmi elles : la batterie recharge électrique, développée par MOB Energy, le robot suiveur actuellement en service à l’ELoCA de Châtres, développé par la société EFFIDENCE ou encore le grappin volant, imaginé par le groupe Innovation participative (Drone Act).

Le SCA étant pleinement engagé dans une démarche environnementale, la conciliation de l’exigence opérationnelle avec le développement durable fut au cœur des échanges de l’après-midi.

Table ronde n°2

Regards croisés : comment concilier « exigence opérationnelle » et « développement durable » dans le cycle de l’achat ?

Les deux ateliers qui ont structuré cette deuxième table ronde (atelier n°1 : la prise en compte de la dimension sociale et environnementale dans la formulation des offres ; atelier n°2 : sourcing et connaissance de son environnement comme clés du succès pour permettre à l’acheteur d’intégrer les objectifs du PNAD) ont mis en avant les démarches entreprises par les fournisseurs du SCA pour répondre aux besoins du Service tout en respectant l’environnement. Si les clauses sociales et environnementales du ministère des Armées imposent au SCA des contraintes aux acheteurs, le Service a su se tourner vers des fournisseurs promouvant le respect de l’environnement et développant des innovations dans le domaine du développement durable, à l’image de MOB-Energy, société spécialisée dans l’énergie durable et avec laquelle le SCA a contractualisé. Les nombreux échanges avec les fournisseurs ont ainsi permis de démontrer que le service du commissariat des armées remplit son contrat opérationnel tout en s’inscrivant dans une démarche éco-responsable.

Cette seconde édition du forum fournisseurs s’est clôturée par une intervention du directeur central adjoint du SCA, le CRG1 Olivier MARCOTTE qui, après avoir remercié les participants pour leur présence, a mis l’accent sur l’importance du domaine des achats dans l’économie de guerre avant d’exposer les valeurs communes partagées par le SCA et ses fournisseurs : l’adaptabilité, la confiance et la proximité. « Il y a une connexion permanente entre le SCA et ses fournisseurs Il est essentiel de conserver cette ambiance générale de confiance pour que l’on puisse poursuivre et enrichir nos démarches respectives. Nous sommes au début d’une nouvelle phase de la relation entre le SCA et les entreprises dans le cadre de l’économie de guerre, avec de nouvelles dimensions adaptées. Nous devons créer et faire perdurer une véritable communauté qui travaille au profit des armées afin de faire en sorte que le design fonctionnel soit le plus pertinent et réponde au besoin opérationnel » a ainsi déclaré le DCA.