La Force maritime des fusiliers marins et commandos (FORFUSCO) - 80 ans d’adaptation

La bataille de Bir Hakeim a marqué la renaissance des fusiliers marins. Ses traditions et son histoire constituant aussi sa force, la FORFUSCO baptisera les toutes nouvelles vedettes de fusiliers marins (VFM) selon des hauts faits d’armes de ses anciens : la première prendra le nom “Bir Hakeim”.

La Force maritime des fusiliers marins et commandos (FORFUSCO) - 80 ans d’adaptation © Marine nationale

Forts de cette épreuve, les fusiliers marins de 1942 se sont reconstruits et ont évolué jusqu’à devenir la FORFUSCO que nous connaissons aujourd’hui. Celle-ci est articulée autour de deux grandes composantes : les fusiliers marins et les commandos Marine.

 

fusiliers marins

Les fusiliers marins sont spécialisés dans la défense et l’interdiction maritime. 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, 1 700 hommes et femmes participent à la défense maritime du territoire en protégeant les sites sensibles de la défense, et notamment les installations liées à la dissuasion nucléaire. On retrouve ainsi les trois bataillons (BFM) ou les six compagnies (CFM) de fusiliers marins aussi bien à l’île Longue qu’à l’intérieur des terres, dans les centres de transmission de la Marine. Depuis le 1er septembre 2020, chacune de ces unités porte le nom d’un grand ancien, Compagnon de la Libération, ayant servi au sein du 1er bataillon de fusiliers marins pendant la Seconde Guerre mondiale.

Les fusiliers marins ne sont cependant pas limités aux missions de protection d’installations, mais procèdent également, en appui des opérations aéronavales, à des missions de contrôle, de lutte contre les trafics illicites ou à la protection d’unités précieuses. Ils sont par exemple, régulièrement déployés en mission de lutte contre la pêche illicite au large de la Guyane, aux côtés des commandos Marine.

 

Commandos

Les commandos Marine sont, quant à eux, les forces spéciales de la Marine nationale. Environ 700 marins arment sept unités opérationnelles, dont cinq d’assaut (Jaubert, Trépel, de Montfort, de Penfentenyo et Hubert) et deux d’appui aux opérations spéciales (Kieffer et Ponchardier).

Les commandos d’assaut disposent de capacités communes, allant du combat commando au renseignement, en passant par la maîtrise de tous les modes d’infiltration terrestres, nautiques et aéronautiques.

Chaque commando dispose de capacités spécifiques, par exemple, la spécialisation dans les actions subaquatiques pour le commando Hubert. Chacun de ces commandos dispose également de deux groupes spécialisés : CTLO (contre-terrorisme et libération d’otages) et ESNO (équipes spéciales de neutralisation et d’observation).

Les commandos d’appui disposent également de capacités spécifiques : Kieffer assure la capacité de commandement et les cellules d’appui spécialisé (cynotechnie, drones, NRBC...). Ponchardier met en œuvre des moyens d’insertions maritime, aérien et terrestre et des équipements spécifiques (armements, munitions, optroniques...).

Les commandos Marine interviennent au profit du Commandement des opérations spéciales (COS), de la Marine nationale ou de tout contrôleur opérationnel désigné par l’état-major des Armées.

Ils sont rompus aux actions spéciales navales, que ce soit au large ou vers la terre, tout en étant en mesure de réaliser des actions spéciales à terre à l’instar des commandos des autres armées.

S’inspirant de leurs anciens du 1er BFM, passés d’unités d’infanterie à unités antiaériennes et unités de reconnaissance blindée, la FORFUSCO continue de s’adapter aux enjeux et missions à venir. Pour conserver une supériorité opérationnelle, un Lab a été mis en place. Incubateur d’idées situé au sein même de la base des fusiliers marins et des commandos, il permet de valoriser l’innovation, qu’elle vienne des unités ou qu’elle soit impulsée par les états-majors.

Rencontre - CV Sébastien Parisse commandant l’école des fusiliers marins (Ecofus)

Cols bleus : Que représente la bataille de Bir Hakeim pour les fusiliers marins ?

CV Sébastien Parisse : « Quand, à Bir Hakeim, un rayon de sa gloire renaissante est venu caresser le front sanglant de ses soldats, le monde a reconnu la France », écrivit le général de Gaulle. Bir Hakeim est le premier grand combat auquel prend part cet embryon d’armée de Français libres qui ont répondu à son appel, et parmi lesquels nous trouvons les fusiliers marins commandés par le CC Amyot d’Inville.

Ils se sont vu confier une mission qui rappelle celle de leurs ainés à la bataille de Dixmude en 1914 : arrêter l’ennemi et tenir autant que possible... Pari tenu et réussi.

En défendant ce site stratégique avec courage et ténacité, ils ont acquis une nouvelle légitimité aux yeux des Alliés, tout en incarnant l’espoir d’une France victorieuse.

 

C. B. : Quelles leçons peut-on en tirer pour les fusiliers marins de notre époque ?

CV S. P. : L’exploit réalisé à Bir Hakeim au milieu du désert rappelle aux fusiliers marins d’aujourd’hui l’importance de cultiver, outre les connaissances techniques nécessaires à l’utilisation des armements modernes, les qualités de combativité, de réactivité, de résilience et de rusticité, indispensables pour affronter des conditions d’engagement variées, souvent extrêmement rudes. Le contexte international actuel nous rappelle qu’il faut constamment s’adapter et être prêt à intervenir sur tous les terrains.

 

C. B. : Au sein des formations dispensées à l’ECOFUS, comment sont transmises les valeurs héritées des anciens ?

CV S. P. : Savoir d’où l’on vient pour savoir où on va... L’Ecofus est l’une des plus anciennes unités de la Marine nationale, marquée par une histoire et un héritage forts. Tout au long des formations, les instructeurs transmettent des savoir-faire, mais surtout des savoir-être aux élèves fusiliers marins. Au travers d’exercices théoriques et pratiques, chaque génération d’instructeurs partage son expérience auprès de la génération suivante pour assurer la transmission des valeurs héritées des anciens.

Cet héritage intergénérationnel se transmet aussi à l’occasion des cérémonies de tradition, marquant la fin des cours qui sont baptisés des noms d’illustres anciens. Le drapeau du 1er régiment de fusiliers marins (RFM), un des plus décorés de l’armée française, gardé à l’Ecofus et présenté lors des cérémonies, est l’un des symboles rappelant le courage et le sacrifice des anciens. La remise de fourragères aux couleurs de la Légion d’honneur et de la Croix de la Libération marque symboliquement cette transmission de valeurs aux jeunes.

Enfin, le musée de Tradition des fusiliers marins, en retraçant l’histoire de la spécialité, favorise le devoir de mémoire. Toutes les jeunes recrues le visitent, afin de les sensibiliser à l’héritage qui leur est transmis.

 

C. B. : Quels sont les défis et enjeux pour l’ECOFUS en 2022 ?

CV S. P. : La FORFUSCO s’est engagée dans un vaste plan de transformation de son organisation, de ses missions et de ses équipements. Dans ce contexte, l’Ecofus doit se tenir à la page pour lui fournir des fusiliers marins plug and fight selon ce nouveau référentiel, tout en les aidant à appréhender et à saisir la complexité de leur environnement opérationnel : l’actualité ukrainienne a démontré que la paix n’est jamais acquise définitivement ; nos fusiliers doivent en être conscients et se préparer, comme leurs camarades des autres spécialités de la Marine, au retour du combat.

Enfin, même si la spécialité bénéficie d’une bonne attractivité, le recrutement et la fidélisation demeurent des défis permanents.

 

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