La France commémore le 80e anniversaire de la Libération

2024 marque les 80 ans des débarquements, de la Libération de la France et de la Victoire. Des plages de Normandie aux maquis savoyards des Glières et du Vercors, en passant par les destins extraordinaires, souvent tragiques, d’hommes et de femmes de la Résistance française et étrangère, plongez dans cette période charnière de l’Histoire à travers notre grand format de reportages et grands entretiens.

La France commémore le 80e anniversaire de la Libération © SGA/COM

La France commémore le 80e anniversaire de la Libération

La campagne d’Italie du corps expéditionnaire français (1943-1944)

Épisode charnière de la Seconde Guerre mondiale, la campagne d’Italie marque l’ouverture d’un second front en Europe contre l’Allemagne nazie, réclamé depuis un certain temps par Staline à ses alliés occidentaux. Le 10 juillet 1943, la 8e Armée britannique du général Montgomery et la 7e Armée américaine du général Patton débarquent sur les plages siciliennes, non loin de la ville de Gela. C’est la première et plus grande opération amphibie de la Seconde Guerre mondiale, avant les débarquements de Normandie et de Provence, les 6 juin et 15 août 1944.

Surnommé le « ventre-mou de l’Europe » par le général Clark (commandant de la 5e Armée américaine), la campagne d’Italie se révèle pourtant beaucoup plus difficile que prévue, face à la robustesse des défenses allemandes. C’est dans cette 5e Armée qu’est incorporé le corps expéditionnaire français (CEF). Créé le 24 août 1943 par le général de Gaulle et le général Giraud, il est principalement composé des troupes de l’Empire colonial français. Algériens, Tunisiens, Marocains mais aussi Malgaches, soldats originaires d’Afrique occidentale et équatoriale… tous débarquent dans la baie de Naples le 21 novembre 1943. Fort de 30 000 hommes en janvier 1944, le CEF s’installe à Venafro, non loin de la « ligne Gustave ». Cette chaîne de montagnes de 150 kilomètres forme une véritable barrière naturelle. Elle est la principale ligne de défense allemande et le dernier rempart avant Rome.

© Alexis Rosset, Nicolas Volpellière, Julien Launay, Kenny-Lee Godet/SGA/COM

La campagne d'Italie du corps expéditionnaire français (1943-1944)

La bataille du Garigliano, percée héroïque du CEF

Sous le feu puissant de la Wehrmacht, crête après crête, les troupes héroïques du corps expéditionnaire français parviennent à percer les lignes allemandes. Les combats sont sanglants et se terminent souvent au corps-à-corps. Considérées comme les faits d’armes les plus remarquables conduits par le CEF au cours de la campagne d’Italie, les opérations militaires du Belvédère (au cours de laquelle s’illustre particulièrement le 4e régiment de tirailleurs tunisiens) et du Garigliano contribuent à restaurer la crédibilité de l’armée française auprès des Américains.

La bataille du Garigliano revêt une importance particulière. L’offensive française menée par les troupes du général Juin dans la nuit du 11 au 12 mai permet de faire tomber le dernier verrou qu’est le Mont Cassin, colline surplombée par un imposant monastère du VIe siècle. Les Alliés peuvent dès lors reprendre leur progression vers Rome, interrompue depuis janvier 1944. « Les soldats du corps expéditionnaire français ont ajouté un nouveau chapitre d’épopée à l’histoire de France », confiera plus tard le général Clark.

Le 6 juin 1944, les troupes du général Juin défilent dans la capitale italienne, le jour même du débarquement allié en Normandie. Le CEF est dissous le 22 juillet 1944. Il est remplacé par « l’armée B » commandée par le général de Lattre de Tassigny, qui prépare le débarquement en Provence.

Aujourd’hui, deux grands lieux de mémoire commémorent la campagne d’Italie. « Le cimetière de Monte Mario à Rome et le cimetière de Venafro rappellent le sacrifice de plus de 6 577 soldats qui ont été tués, et également de 23 000 blessés. Le corps expéditionnaire français en Italie totalise 30 000 pertes, tués et blessés. C’est un chiffre énorme, quand on pense qu’en moyenne, les effectifs du CEF étaient de 76 000 hommes, avec un pic de 110 000 hommes lors de la bataille du Garigliano. Ce sont des pertes absolument considérables. » souligne Guillaume Denglos, docteur en Histoire du Service historique de la Défense.

Le maquis du plateau des Glières

Il y a 80 ans, le 26 mars 1944, le maquis des Glières tombait sous le feu de la milice et de la Wehrmacht. À travers des images d’archives exceptionnelles et le témoignage poignant de Gérard Métral, président de l’Association des Glières, fils du maquisard Alphonse Métral, ce film retrace le courage et la détermination de ces hommes face à l’occupation nazie en Haute-Savoie, pendant la Seconde Guerre mondiale​.

© Alexis Rosset, Erwan Rabot, Manon Ménétrier, Kenny-Lee Godet, Nicolas Volpellière-SGA/COM​

Le maquis du plateau des Glières

Raymond Perillat, le photographe maquisard​

Originaire du Grand-Bornand, le jeune apprenti-photographe Raymond Perillat rejoint le maquis des Glières en 1943 à l’appel de Tom Morel. Pendant des mois, il capture le quotidien de sa section et celui des maquisards qui luttent contre l’occupant allemand : veillées, entraînements des compagnies, parachutages, postes de guets, prises d’armes … Découvrez dans ce reportage un témoignage exceptionnel sur la vie de ces hommes engagés dans la Résistance en Haute-Savoie. 

© Alexis Rosset, Erwan Rabot, Manon Ménétrier, Kenny-Lee Godet, Nicolas Volpellière-SGA/COM

Raymond Perillat, le photographe maquisard

"Les Héros de l'ombre" - Théodose Morel (​1915-1944)

Découvrez l’histoire de Théodose Morel (1915-1944), dit « Tom », premier chef du maquis des Glières et leader charismatique qui a su rassembler, sous une seule bannière, plus de 400 de résistants d’origines diverses. © Musée de l’Ordre de la Libération

© Alexis Rosset, Nicolas Volpellière SGA/COM

Les « héros de l’ombre », combattants de la France libre : Théodose Morel (1915-1944)

Missak Manouchian, un étranger dans la Résistance

La résistance au nazisme et à l'occupation en France durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) est venue de différentes classes sociales. C’est aussi le cas d’hommes et de femmes de différentes nationalités. Découvrez le parcours hors du commun de Missak Manouchian et de ses compagnons des Francs-tireurs et partisans - main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI). À la tête de ce groupe de 22 résistants dit « Groupe Manouchian », il mène des opérations de guérilla urbaine en région parisienne contre l’occupant nazi. Il est arrêté le 16 novembre 1943 et condamné à mort par un tribunal allemand. Il meurt fusillé avec ses 21 camarades, le 21 février 1944, au Mont-Valérien (la seule femme du groupe, Olga Bancic, est déportée en Allemagne et décapitée dans une prison de Stuttgart, le 10 mai 1944). 80 ans plus tard, le 21 février 2024, Missak Manouchian entre au Panthéon accompagné de son épouse Mélinée et ses 22 compagnons.

Dans ce film réalisé par la Direction de la Mémoire, de la Culture et des Archives du ministère des Armées (DMCA), l’historien Denis Peschanski retrace ce parcours et ces événements historiques. Avec les voix des comédiens et metteurs en scène Philip Torreton et Bruno Abraham-Kremer.

Ce film a été réalisé avec les informations et l'audiovisuel du ministère des Armées (ECPAD). Commanditaire : DMCA
Dessinateur : Camus Dansolo - Traducteur : Armen Baghdasaryan​

© SGA/COM

Missak Manouchian, un étranger dans la Résistance

Le maquis du Vercors

Situé entre les départements de l’Isère et de la Drôme, le Vercors est un massif montagneux qui abrite dès 1942 réfugiés, résistants et réfractaires au Service du travail obligatoire (STO). Armés et regroupés en une « République libre du Vercors » décrétée le 3 juillet 1944, ces hommes ont pour mission de perturber les troupes allemandes en vue du débarquement allié en Provence, en vertu d’un plan validé par le général de Gaulle depuis Londres. Après avoir subi plusieurs offensives, à commencer par celles de la Milice à partir du 16 avril, le maquis sera submergé en juillet 1944 par 10 000 soldats allemands. Il s’agira de la plus grosse opération de répression menée par la Wehrmacht contre les résistants dans toute l’Europe de l’Ouest.

© ECPAD - Commanditaire : Mission du 80e anniversaire du Débarquement, de la Libération de la France et de la Victoire. Conduite du projet : DMCA

Le maquis du Vercors, 1944. Courage, souffrance, espérance.

Olivier Wieviorka : « La synchronie guerre-occupation-dictature a fait de la Seconde Guerre mondiale un conflit tragiquement original »

ENTRETIEN – Professeur à l’université de Paris-Saclay, éminent historien du second conflit mondial, Olivier Wieviorka publie « Histoire totale de la Seconde Guerre mondiale », coédité par le ministère des Armées, paru dernièrement aux éditions Perrin. Une analyse multidimensionnelle, militaire bien sûr, mais aussi économique, politique et sociale.

Entretien Olivier Wieviorka © SGA/COM

Entretien Olivier Wieviorka

Entretien Olivier Wieviorka

Olivier Wieviorka, vous n'en n'êtes pas à votre premier ouvrage sur la Seconde Guerre mondiale. En quoi « Histoire totale de la Seconde Guerre mondiale » apporte-il un éclairage nouveau sur le conflit ?

Olivier Wieviorka : Mon idée était d'abord de bien replacer les grandes opérations dans un ensemble, en montrant que le fait militaire s'insérait dans un contexte global, total. Autrement dit : on ne peut pas comprendre les grandes batailles si l'on n'intègre pas les facteurs économiques, politiques, géopolitiques et sociaux.

Parmi la somme de productions déjà existantes sur le sujet, votre ouvrage était-il nécessaire ?

O.W : Je le crois. D'abord parce qu'il n'existe pas pléthore de synthèses sur la Seconde Guerre mondiale, contrairement à ce que l'on croit. La Seconde Guerre mondiale a suscité bien des travaux, souvent de grande qualité, mais qui restent souvent partiels. Nous avons, me semble-t-il, besoin d'une vue d'ensemble. Ensuite parce-que bien des livres privilégient un axe unique. La somme de Basil Liddell Hart, par exemple, est remarquable ; mais elle se focalise sur l'histoire militaire sans dire un mot de la Shoah. Pour ma part, j'ai essayé de comprendre la pluralité des aspects de ce conflit terrible, en accordant également une part éminente à l'Asie, souvent oubliée. C'est peut-être ce qui confère au livre son originalité.​

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Didier Daeninckx : « Missak Manouchian : une identité multiple »​

ENTRETIEN – Pour l’écrivain Didier Daeninckx, auteur de la bande-dessinée « Missak Manouchian : une vie héroïque » coéditée par le ministère des Armées et parue dernièrement aux éditions Les Arènes, l’entrée au Panthéon du résistant communiste étranger et de son épouse Mélinée le 21 février revêt un caractère universel.

Didier Daeninckx : « Missak Manouchian : une identité multiple » © SGA/COM

Didier Daeninckx : « Missak Manouchian : une identité multiple »

    Didier Daeninckx : « Missak Manouchian : une identité multiple »

      Vous n'en êtes pas à votre premier ouvrage sur Missak Manouchian. En quoi sa personnalité vous attire-t-elle ?

      Didier Daeninckx : Quand j'ai commencé à travailler sur Missak Manouchian, j'avais une lecture de sa dernière lettre (à son épouse Mélinée) qui n'était pas commune. Une phrase m'a fortement marqué. Il écrit : « Je vais être fusillé, je n'y crois pas, je ne te verrai plus, cela m'arrive comme un accident dans ma vie ». Il n'adopte pas la posture du martyr. Pour lui, cela arrive comme un accident dans sa vie, mais sa vie, c'est autre chose. Contrairement aux historiens qui ont fortement travaillé sur l'époque de la Résistance, j'ai tenté de chercher ce qui s'était passé avant cet « accident », c'est-à-dire sa collision frontale avec le nazisme. J'ai commencé à rassembler des éléments avec ce regard-là, et j'ai découvert un ouvrier qui voulait s'émanciper par la culture.

      Ce qui m'a fortement intéressé dans tout ce que j'ai écrit sur Missak, c'est cela, quelqu'un qui s'accroche aux mots, qui veut s'exprimer par la poésie et par l'écriture, un fou de cinéma qui veut devenir acteur … tout cela en ayant vécu que par le malheur historique : sa famille disparue, son frère qui meurt de tuberculose à la suite du génocide arménien… C'est donc une image extrêmement différente de la représentation, nécessaire, du martyr. L'image de son exécution absorbe toute sa ligne de vie. Ce qui m'a intéressé, c'est justement ce parcours.

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      ​Gérard Métral : « Ni catholiques, ni juifs, ni communistes : les maquisards des Glières, des frères d’armes »​​

      ENTRETIEN – Il y a 80 ans, le 26 mars 1944, le maquis des Glières tombait sous le feu de la milice et de la Wehrmacht. Gérard Métral, président de l’Association des Glières, œuvre pour faire vivre l’héritage de ce site emblématique de la Résistance en Haute-Savoie.  Pour ce fils de maquisard, les Glières sont une leçon de vivre-ensemble et une éducation à la citoyenneté sur lesquelles doivent s’appuyer les générations futures.

      Entretien Gérard Métral © Alexis Rosset/SGA/COM

      Entretien Gérard Métral

      Entretien Gérard Métral

      Gérard Métral, nous sommes en janvier 1944, en Haute-Savoie. Dans quel contexte se forme le maquis des Glières ?

      Gérard Métral : Il se forme à un moment clé de la résistance. Le 31 janvier 1944 l'État de siège est proclamé par l'intendant de la police française Lelong. Une chape de plomb s'abat sur la Haute-Savoie : la liberté de circuler est fortement compromise, un couvre-feu est imposé de 20h à 7h du matin, les porteurs d'armes sont automatiquement traduits en cour martiale et fusillés. En France, cette répression est unique. Terre de maquis par excellence, le département savoyard avec ses nombreux reliefs et forêts est une « planque » idéale pour les nombreux jeunes qui fuient le Service du travail obligatoire (STO). Les nombreuses filières qui s'y développent, dirigées par le Parti communiste ou les mouvements de jeunesse catholique, augmentent le nombre de ces hommes.

      La Haute-Savoie est donc une terre de résistance ?

      G.M : Oui, c'est tout à fait vrai. Pendant la Révolution française la région était déjà un refuge pour les prêtres réfractaires. Il y a en Haute-Savoie, une véritable tradition de résistance.

      Pour quelle(s) raison(s) ce site a-t-il été choisi ?

      G.M : Dès septembre 1943, dans la perspective du Débarquement en Normandie, les Alliés recherchent un site pour parachuter des armes à la Résistance, en France. C'est l'objectif de la mission interalliée « MUSC », qui comprend deux représentants des services secrets français (le Capitaine Jean Rosenthal, de la BCRA[1]) et anglais (le Capitaine Richard Harry Heslop, du SOE[2]) ainsi que le Colonel Romans-Petit, successeur du commandant Jean Vallette d'Osia[3] à la tête des maquis de l'Ain et de la Haute-Savoie. À l'issue de cette mission de reconnaissance, les Glières sont retenues pour des raisons simples : à 1 500 mètres d'altitude, le plateau permet de mener des activités insoupçonnables depuis les vallées et est facilement repérable par l'aviation alliée. Les parachutages ayant lieu lors des nuits de pleine Lune, les lacs du Bourget, d'Annecy et Léman agissent comme des « miroirs » qui guident les aviateurs. Les lumières de Genève en Suisse voisine, pays neutre, sont un autre repère important alors que la France, en situation de « défense passive », est plongée dans le noir. Ce concours de circonstances a été déterminant dans le choix du site des Glières. Suite au feu vert de Churchill le 26 janvier 1944, un premier parachutage prévu le 10 février n'aura pas lieu à cause du mauvais temps. Il faudra attendre le 10 mars pour que La Royal Air Force (RAF) largue 54 containers sur le plateau, éclairé par les bûchers ardents positionnés par les maquisards. Au total il y aura trois parachutages (soit 90 tonnes d'armes) ainsi qu'un quatrième après l'évacuation du plateau, contenant 120 tonnes de mitraillettes, bazookas, vivres et vêtements.

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