Apprendre à coopérer à l’EFA Tigre

Direction : Terre / Publié le : 19 avril 2022

À l’École franco-allemande Tigre, dans le Var, les équipages suivent leur formation sur l’hélicoptère Tigre. Les stagiaires y perfectionnent leur technique de vol et leur maîtrise de l’hélicoptère dans un cadre binational. Mais surtout ils apprennent à agir en complémentarité. Une instruction unique au service de l’Europe de la défense.

Une pilote d’hélicoptère Tigre à son poste de pilotage. © Armée de Terre/SCH Jérémy B.

Dans l’amphithéâtre Chaon, à l'Ecole franco-allemande (EFA) Tigre, le lieutenant Melchior est concentré. Face à lui et ses camarades français, un instructeur allemand explique en anglais les particularités du Kampf-HubSchrauber  (KHS) Tiger : à la différence du modèle français, il est spécialisé dans la lutte antichars. La présentation intervient à la veille d’un événement important pour les stagiaires. Pour la première fois depuis leur arrivée à l’été dernier, ils voleront et combattront aux côtés de leurs homologues d’outre- Rhin pour un exercice de restitution tactique.

« Les capacités et savoir-faire de chacun seront combinés pour remplir une même mission. Cela implique de connaître les moyens du KHS mais aussi d’en comprendre les contraintes », relate Melchior. La complémentarité sera le maître-mot de la manœuvre. Elle est même au cœur de la formation conjointe dispensée par l’EFA située dans le Var, où les équipages allemands et français suivent leur spécialisation sur l’hélicoptère d'attaque en service depuis les années 2000.

Les maintenanciers français et allemands partagent le même atelier, permettant des échanges. © Armée de Terre/SCH Jérémy B.

Un environnement binational

Créée en 2003 dans la veine du traité de l'Elysée, l’école fournit aux régiments des équipages aptes à leur premier emploi respectif : pilote, chef de bord, chef de patrouille, moniteur. Près de 80 aérocombattants de l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) et de la Heeresiiegertruppe ont été qualifiés en 2021. Un chiffre répondant au besoin des forces. Les enseignements ne sont pas communs pour les élèves allemands et français. Les Tigre des deux pays ayant quelques spécificités, chacun se spécialise sur son système d’armes. « La raison d’être de l’école n’est pas de lisser la formation mais d’apprendre à penser et agir de concert, explique le lieutenant-colonel Olivier, commandant l’unité. La coopération se renforce toujours plus. Pour la première fois, un tir commun qualifiant pour les stagiaires sera réalisé sur le camp de Canjuers en mai 2022. » Pour travailler main dans la main, les élèves apprennent à se connaître et vivent leur scolarité dans un environnement binational.

 

Français et Allemand devant les écrans de contrôle. © Armée de Terre/SCH Jérémy B.

S’enrichir des enseignements

Tous les matins, Melchior, comme l’ensemble des stagiaires, participe à un briefing de sécurité préparatoire aux activités aériennes du jour. En anglais of course. En vol, les pilotes doivent maîtriser les techniques de déplacement de la machine tout en gérant son large panel de systèmes d’armes et suivre les liaisons radios. « Pour faciliter cet apprentissage, la France et l'Allemagne ont décidé de partager leur expérience plutôt que de former seuls leurs équipages », précise le commandant de l’EFA. Tout en dégageant des synergies, centraliser l’instruction permet de s'enrichir des enseignements des uns et des autres au gré des engagements de l’aéronef et s’inscrit dans une perspective d’évolution commune. Une manière de préparer les affrontements de demain qui nécessiteront des moyens décuplés, imposant aux alliés de faire front commun. Pour les militaires, l’EFA est une opportunité de s’y confronter avant même de rejoindre leur affectation où ils seront des ambassadeurs de cet esprit d’échange. À l’heure où les conflits semblent se cristalliser en urope, la légitimité de l’école ne se dément pas.

Maquette d'hélicoptère Tigre, aux côtés des drapeaux français, allemand et européen. © Armée de Terre/SCH Jérémy B.

Qu’est-ce que le traité de l’Élysée de 1963 ?

Le 22 janvier 1963, le général Charles de Gaulle, président de la République, et le chancelier allemand Konrad Adenauer signent un traité de coopération pour sceller la réconciliation entre la France et l’Allemagne. Dans le domaine de la Défense, le but est de multiplier les échanges entre les armées et de réfléchir à des programmes d’armement communs.

Médaille du traité de l’Elysée sur le descriptif papier © Armée de Terre/SCH Jérémy B

Le saviez-vous?

Dès 1975, des discussions franco-allemandes ont lieu autour de la conception d’un hélicoptère multi-rôles afin de riposter à une éventuelle offensive blindée venant de l’Est. Un accord est signé pour le développement du Tigre en 1984.

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