Renseignement d’origine électromagnétique : avec les satellites CERES, la France se dote d’un système unique en Europe

Direction : DRM / Publié le : 25 février 2022

Mardi 16 novembre, la France a lancé avec succès la constellation CERES, composée de trois satellites militaires dédiés au renseignement d’origine électromagnétique. Un système unique en Europe qui place notre pays dans le club très fermé des nations maîtrisant cette technologie. Explications.

Constellation CERES © CNES

Le 16 novembre 2021 restera comme une date importante pour le programme spatial de défense français et une avancée majeure dans le domaine du renseignement. À 10h27 du matin (heure de Paris), mardi, le Centre spatial guyanais (CSG) à Kourou a été le théâtre du lancement par Arianespace d’une constellation de trois satellites militaires nommée CERES (CapacitÉ de Renseignement Électromagnétique Spatiale). La France se dote ainsi d’une nouvelle capacité spatiale militaire souveraine. A la clé, une plus grande autonomie d’appréciation, de décision et d’action pour les armées sur le terrain.

« J’adresse mes félicitations aux équipes étatiques et industrielles qui ont fait de ce lancement un succès, réagit la ministre des Armées, Florence Parly. CERES est un moyen innovant de renseignement qui contribue au renforcement de nos capacités spatiales de défense, déterminantes pour notre souveraineté et notre indépendance stratégique. Quelques semaines après le succès du lancement du satellite militaire Syracuse, la France confirme sa puissance dans le domaine spatial, en alliant des technologies et des ressources que peu de pays au monde maitrisent. »

Un système unique en Europe

Avec CERES, le renseignement français effectue en effet un bond technologique. Assurant une couverture géographique mondiale, les trois satellites pourront surveiller des zones inaccessibles aux capteurs actuels de ROEM (Renseignement d’origine électromagnétique), et ce par tout temps, de jour comme de nuit. Autrement dit, les armées seront en mesure de cartographier et caractériser les émissions radar ou de télécommunications dans toutes les zones d’intérêt et de conflit. L’objectif : apporter aux autorités des connaissances sur l’organisation, les ressources et les capacités adverses, et contribuer ainsi à détecter toute activité pouvant présenter un danger dans une zone spécifique ou à l’échelon d’une force déployée.

Les informations fournies par CERES offriront donc une connaissance approfondie et régulièrement actualisée des zones d’engagement actuelles ou probables, ce qui consolidera la souveraineté française en matière de défense. La Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 traduit pleinement cet engagement en faveur du renseignement, avec un budget porté à 4,6 milliards d’euros sur la période, afin de renforcer les effectifs et se doter de moyens à la pointe de la technologie.

© Ministère des Armées

Un concentré de technologie

Le capteur est l’un des atouts majeurs de CERES. Pas plus grand qu’une boîte à chaussures Il abrite des composants électroniques et des logiciels qui traitent des centaines de milliers d’informations en simultané.

De leur orbite terrestre basse, les satellites transmettent les données au sol, où de puissant algorithmes permettent de déterminer la localisation et les caractéristiques techniques des radars perçus. Ces informations sont ensuite transmises au système d’information DEMETER, déployé à la Direction du renseignement militaire (DRM) et dans les centres de renseignement des armées, pour identifier les émetteurs. L’utilisation conjointe de CERES et DEMETER raccourcit le cycle du renseignement et livre aux forces les informations avec une plus grande réactivité. Pour parer toute menace, les satellites de nouvelle génération sont conçus pour résister au brouillage et attaques cyber, leur assurant une fiabilité optimale.

La Direction générale de l’armement (DGA) assure la conduite du programme CERES, en équipe intégrée avec le Centre national d’études spatiales (CNES), la DRM et le Commandement de l’espace (grand commandement de l’armée de l’Air et de l’Espace). Ce dernier s’assure de la bonne prise en compte des besoins opérationnels pour le compte de l’Etat-major des armées (EMA). Le programme est mené avec les industriels Thales Défense Mission Système, Airbus Defence and Space, Thales Alenia Space et Arianespace. C’est la démonstration de la qualité de la filière française, récompensée en janvier 2021 par le choix de l’OTAN de confier à la France la création à Toulouse d’un centre d’excellence exclusivement dédié à l’Espace.

Des moyens accrus pour l’espace

Maîtriser l’Espace est essentiel pour la souveraineté de notre défense et la sécurité nationale. « Aujourd’hui, nos alliés et nos adversaires militarisent l’espace. Et alors que le temps de la résilience se fait de plus en plus court, nous devons agir. Nous devons être prêts. » Ces mots de la ministre des Armées, Florence Parly, sont traduits par des actes. La France a considérablement renforcé les moyens budgétaires alloués au spatial militaire.

La LPM 2019-2025 avait porté à 3,6 milliards d’euros les investissements du ministère des Armées, une ambition réaffirmée par la nouvelle stratégie spatiale de défense annoncée en 2019 par la ministre, avec 700 millions d’euros supplémentaires d’ici à 2025. Afin de renforcer son autonomie stratégique, la France s’est dotée d’une Stratégie spatiale de défense (SSD) ambitieuse, portée par le Commandement de l’espace (CDE) placé sous la tutelle organique de l’armée de l’Air et de l’Espace. Le CDE est responsable, sous l’autorité du chef d’état-major des armées (CEMA), de la conduite et de l’exécution des opérations spatiales militaires dont dépendent la sécurité du territoire national, la robustesse de notre économie mais aussi la protection des populations.

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