Sébastien Lecornu à Berlin : une coopération franco-allemande réaffirmée

Organization : Ministère des Armées / Published : September 27, 2022

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, était à Berlin ce jeudi 22 septembre, pour sa première visite officielle en Allemagne. Il s’est entretenu avec son homologue allemande, Christine Lambrecht, ministre fédérale de la Défense. SCAF, Ukraine, LPM… retour sur les principales annonces de cette réunion bilatérale.

Christine Lambrecht, ministre fédérale de la Défense et Sébastien Lecornu, ministre des Armées © Ministère des Armées / Hamilcaro

A Berlin, les deux ministres ont évoqué les enjeux actuels dans un contexte stratégique tendu, marqué par la poursuite de la guerre en Ukraine et ses répercussions internationales.

Dans l’attente du Conseil des ministres franco-allemand, qui se tiendra en France fin octobre, Sébastien Lecornu et Christine Lambrecht ont orienté leur discussion sur le partage de leurs visions stratégiques et sécuritaires. But recherché : adopter une approche pragmatique pour l’ensemble des volets de la coopération de défense entre les deux nations.

Sur l’ensemble de ces sujets, les deux ministres ont convenu de :

Poursuivre le soutien à l’Ukraine

Les récentes déclarations de Vladimir Poutine, qui a décrété la mobilisation partielle des réservistes, ne laissent pas entrevoir une désescalade du conflit en Ukraine. Alors que la guerre fait rage, certains territoires contrôlés par les forces russes, ou favorables à ces dernières, ont organisé des « simulacres de référendum » pour accélérer leur rattachement à Moscou, sans aucune légitimité internationale. « Personne ne pourra s'exprimer librement et pour nous, cela ne jouera aucun rôle », affirmait Christine Lambrecht. L’agenda d’aide et d’accompagnement de Kiev va donc continuer, au niveau de la cession d’équipements, de la formation ou encore de la maintenance du matériel. Cela implique une coordination nécessaire entre Européens, pays de l’OTAN et nations du format « Ramstein », groupe d’Etats mis en place pour apporter le soutien nécessaire à l’Ukraine. Les deux ministres ont également insisté sur l’exigence des Européens en matière de sûreté nucléaire, en référence aux combats autour de la centrale nucléaire de Zaporijia, la plus grande d'Ukraine mais actuellement contrôlée par les Russes. Si l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a pu se rendre sur les lieux, début septembre, la situation reste préoccupante du fait des combats environnants. « Nos diplomaties et le président de la République se déploient pour obtenir un cadre de sûreté, avec l'AIEA notamment, qui permette de garantir les standards de sûreté nucléaire dignes de ce nom », soulignait le ministre français.

Maintenir la sécurité au Sahel

Si l’attention médiatique se porte en ce moment sur le conflit ukrainien, ses répercussions atteignent le monde entier et notamment l’Afrique. « C’est bien sûr la question de la présence de Wagner qui vient s'ajouter à la pression des groupes armés terroristes au Mali et dans un certain nombre d'autres pays. La sécurité du Sahel, il faut le redire, a un impact direct sur la sécurité des Européens de manière globale », rappelait le ministre des Armées. Il est donc nécessaire, malgré le contexte actuel, de poursuivre ce combat de tous les jours avec l’aide de nos partenaires Européens et otaniens.

Préparation d’un état d’avancement précis des grands programmes capacitaires

 « L'Allemagne et la France ne sont pas en guerre mais nous donnons du matériel à l'Ukraine », rappelait Sébastien Lecornu. La question de la reconstitution des stocks d’armes et de munitions, commune aux deux pays, nécessite des ajustements sur lesquels Paris et Berlin travaillent de concert. « Notamment, sur la capacité pour nos industriels de produire vite et bien, dans des standards de qualité compatibles avec la situation stratégique dans laquelle nous nous trouvons », ajoutait ensuite le ministre.

En juin dernier, l’Allemagne s’est dotée d’un fonds spécial de 100 milliards d’euro pour moderniser ses forces armées et répondre à la nouvelle donne sécuritaire. Une première étape avant de consacrer 2% de son PIB à sa défense, dès 2023. En augmentant ses crédits, Berlin se donne les moyens de revoir le format et la posture de sa défense, tout en envoyant un message clair à Poutine. La France, quant à elle, prépare sa prochaine loi de programmation militaire. Dans quelques jours, Sébastien Lecornu se rendra au Parlement, où il présentera un budget en augmentation de trois milliards d’euros pour l’année prochaine. Une hausse nécessaire afin d’accompagner la « transformation de nos armées tous azimuts », en adéquation avec la mise en place d’une économie de guerre via la Base industrielle et technologique de défense (BITD). Les deux pays sont donc tombés d’accord pour préparer un état d’avancement précis des grands programmes capacitaires communs, en vue du Conseil des ministres franco-allemand qui se tiendra en France fin octobre.

Sébastien Lecornu a également évoqué la réserve opérationnelle. Les changements abordés récemment dans son entretien à la presse, notamment le doublement des effectifs, seront précisés très prochainement.

Renforcer la coopération opérationnelle

Bien que différentes en de nombreux points, les armées françaises et allemandes sont complémentaires. « Sur les enjeux sécuritaires communs, la coopération opérationnelle existe et doit être accentuée », déclarait Sébastien Lecornu. Instrument clé du partenariat entre Paris et Berlin, la Brigade franco-allemande (BFA) va donc probablement connaître quelques évolutions. Fondée en 1989, la BFA est une unité binationale composée de 5 600 soldats, dont 40 % de Français et 60 % d’Allemands. Afin de renforcer son intégration au sein des forces de l’OTAN, les deux ministres ont ainsi demandé à leur état-major respectif de réfléchir à des propositions de planification. Objectif : étudier les possibilités pour la brigade de participer à des missions de réassurance et de sécurisation.

Le SCAF et le char du futur verront bien le jour

Le Système de combat aérien du futur (SCAF), un temps en suspens, a bien été confirmé par les deux ministres. Ce programme symbolise à lui seul la convergence stratégique entre les deux pays. « C’est un projet prioritaire car nous avons besoin de cette innovation », soulignait Sébastien Lecornu. Une nécessité pour la régénération de nos équipements qui concerne également le char Leclerc. « Nous nous sommes accordés sur les prochaines étapes, notamment sur le projet de char du futur. Des propositions nous serons faites dans les jours qui viennent. Je rappelle que nous avons un Conseil des ministres franco-allemand à la fin du mois d'octobre. Cela nous laisse donc quelques semaines de préparation pour acter un calendrier exigeant. »


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