L’arme cyber en Ukraine : les trois enseignements à retenir

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 12 janvier 2023

A l’occasion du point presse hebdomadaire du ministère des Armées, le chef du Commandement de la cyberdéfense a analysé l’utilisation du cyber dans le conflit russo-ukrainien. Le général Bonnemaison a identifié trois grands enseignements sur le rôle de cette arme « furtive et discrète, à leffet fulgurant ». Explications.

Le général Aymeric Bonnemaison, lors du point presse © Christian Hamilcaro / DICOD

Leçon n°1 : « L’arme cyber a eu un rôle particulièrement important avant le conflit »

Le général Bonnemaison, chef du Commandement de la cyberdéfense (COMCYBER), a rappelé que les opérations dans le cyberespace ont démarré bien avant le déclenchement de la guerre par la Russie le 24 février 2022. En Ukraine, des attaques de haut niveau contre des infrastructures critiques - stations électriques, centres de télécommunication, entreprises… -  ont commencé dès 2014. Dans le même temps, l’Ukraine a opéré « une véritable révolution en montant en gamme dans sa lutte informatique défensive ». Ce renforcement de ses capacités de cyberdéfense, développé sous la supervision des puissances occidentales, se caractérise par l’augmentation des budgets dédiés, par le développement d’une stratégie idoine et par la création d’une agence à compétence nationale comparable à l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information).

Leçon n°2 : « La défense peut prendre lascendant sur loffensive »

La montée en puissance cyber, démarrée dès 2014, a permis à l’Ukraine de montrer une résilience inédite face aux cyberattaques russes. Ces dernières ont « été bien moins percutantes et efficaces que prévu », pointe le général Bonnemaison, notamment en raison de l’appui massif des États-Unis et des Gafam*. Si les experts s’accordaient à dire que la lutte informatique offensive pouvait mettre un pays à genoux, cela n’a pas été le cas en Ukraine, celle-ci étant parvenue à prendre le dessus sur l’offensive russe.  Un « scoop et une source d’espoir pour tous les cybercommandeurs aujourd’hui », affirme le COMCYBER : « Cet avantage par le défensif constitue un véritable changement de paradigme (…) La démonstration ukrainienne, c'est : ‘J'arrive à contenir, j'arrive à me réorganiser, j'arrive à utiliser d'autres systèmes pour rebondir, le tout avec une créativité et une innovation importantes’ ».

Leçon n°3 : « Des acteurs éparpillés, complexes et divers »

« Hacktivistes », services de renseignement, cybercriminels, Gafam… : il règne dans le cyberespace une grande confusion entre les acteurs, leurs actions et leurs intentions. « Ma génération, qui a connu les guerres asymétriques, sait que la distinction entre civils et militaires n’a rien d’évident. Mais elle encore plus complexe dans le cyberespace », explique le COMCYBER.

Des groupes cybercriminels ont ainsi mené des attaques pour le compte de certains services de renseignement. La porosité grandissante entre ces deux mondes complique l’attribution des attaques informatiques. Côté ukrainien, les « hacktivistes » se sont fortement mobilisés mais ont pêché par leur désorganisation. Hormis une forme de harcèlement, leur action n’a pas été d’une grande efficacité, selon le général Bonnemaison.  Les Gafam, quant à eux, ont pris une importance considérable, contribuant largement à la protection de l’Ukraine.

*Google, Apple, Amazon, Facebook, Amazon, Microsoft

Le Commandement de la cyberdéfense recrute

Placé sous l’autorité directe du chef d’état-major des armées, le Commandement de la cyberdéfense est un commandement opérationnel. Il rassemble l'ensemble des forces de cyberdéfense du ministère. Sa mission : la défense des systèmes d’information, ainsi que la conception, la planification et la conduite des opérations militaires dans le cyberespace.

Des missions exceptionnelles, un engagement adapté à chacun, un esprit d’équipe unique… les unités cyber des armées recrutent. Plus de 1 800 postes sont à pourvoir d’ici à 2025. Le COMCYBER a besoin d’ingénieurs et de techniciens de la cybersécurité ou de la cyberdéfense mais aussi de profils transverses : juristes, sociologues, linguistes…

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