Maîtriser les ondes en haute intensité

Direction : Terre / Publié le : 12 mai 2025

Avec le retour des conflits de haute intensité sur le continent européen, l’armée de Terre se doit d’être réactive et cohérente. En plus de renforcer ses capacités de combat direct et indirect, elle poursuit sa modernisation en renforçant ses moyens de renseignement et d’action sur le spectre électromagnétique.

déploiement de moyens électromagnétiques. © armée de Terre / défense

Acquérir la supériorité numérique

Le principal enseignement du conflit russo-ukrainien est que les affrontements ne se déroulent plus uniquement de manière physique mais aussi dans les champs immatériels. Disposant de régiments experts du domaine depuis une trentaine d’années, la mutation des champs de batailles et l’émergence de nouvelles technologies motivent l’armée de Terre à renforcer ses capacités pour agir sur les ondes et dans le cyberespace. Une volonté qui s’est traduite par la création de la Brigade du renseignement et de cyberéléctronique (BRCE) en 2024 mais aussi par le renforcement des unités qui la composent. 

Parmi elles, trois sont spécialisées dans la guerre cyber-électronique et le ROEM depuis de nombreuses années : le 44e régiment de transmissions, le 54e régiment de transmissions et la 785e compagnie de guerre électronique. Agissant dans la profondeur, ces acteurs du renseignement ont pour mission d’acquérir la supériorité sur le spectre électromagnétique afin de permettre aux unités de l’armée de Terre appuyées de conserver leur liberté d’action.

Des capacités multiples

Pour exploiter et diffuser efficacement le renseignement recueilli sur le spectre électromagnétique, l’exploitation des informations se travaille à deux échelles. Tandis que le 44e régiment de transmissions propose un appui stratégique auprès des grands commandeurs, mais aussi à la direction du renseignement militaire (DRM), le 54e régiment de transmissions appuie lui les unités au niveau tactique. 

Unique régiment de guerre cyber-électronique tactique, le 54e régiment de transmissions participe à la recherche du renseignement d’origine électromagnétique, mais aussi à la mise en place d’attaques dans le champ électromagnétique ou le cyberespace. Afin de répondre à des défis technologiques sans cesse renouvelés, le régiment a entamé une réarticulation de ses moyens. Il se divise aujourd’hui en trois composantes : une axée sur le renseignement sous blindage apte à évoluer dans la zone des combats, une orientée sur le renseignement dans la profondeur et une dédiée à l’appui cyber-électronique. Cette organisation vise à la fois à satisfaire aux exigences de la haute intensité et à anticiper les besoins futurs.

En plus de bénéficier de capacités multiples, le 54e régiment de transmissions innove en permanence : capteurs de renseignement, véhicules, drones… une nécessité pour adapter ses nouveaux moyens d’interception et de localisation aux évolutions technologiques.

Recréé en 1986, le 54e RT est l’unique régiment de guerre cyber-électronique tactique de l’adT. © 54RT / Armée de Terre

Une ouverture à la haute intensité

Présente sur tous les théâtres, la guerre électronique et ses actions nécessitent une grande préparation opérationnelle, ainsi qu’un apprentissage constant pour ses capacités tant tactiques que techniques. Des capacités que le 54e régiment de transmissions met à disposition des autres unités de l’armée de Terre en opération ou lors d’exercices de grande envergure, à l’échelle nationale comme internationale. Ces échanges permettent à la fois au 54e régiment de transmissions d’évaluer ses capacités, pour ensuite proposer des idées d’innovations toujours plus ciblées, mais permettent aussi aux bénéficiaires de s’exercer à la guerre électronique.

Ces capacités et connaissances peuvent se traduire par la mise à disposition d’une patrouille légère d’appui électronique (PLAE), qui a pour mission de renseigner au-delà de la ligne ennemie, y compris dans la profondeur du champ de bataille tout en assurant son autonomie, ou encore l’engagement d’une section d’appui électronique sous blindage (SAEB), une pratique courante car elle permet de renseigner ou d’engager nos adversaires dans un rayon d’une quarantaine de kilomètres. 

Au cours de l’année passée, outre leur engagement sur plusieurs théâtres d’opérations, les traqueurs d’ondes du 54e RT ont été déployés sur l’un des exercices majeurs de l’armée de Terre pour l’année 2025 : Diodore. Ils ont pu à cette occasion exercer leurs capacités à travailler dans la profondeur pour renseigner au plus près de l’adversaire. 

Peu avant cet exercice de grande ampleur, à l’échelle internationale, ils ont également participé à l’exercice Yellow Guardian avec les forces alliées belges. Une interopérabilité efficace qui a permis aux unités voisines de comprendre les enjeux liés au domaine du cyber et de la parfaite maîtrise du spectre électromagnétique. Un tel partage de connaissances sera réitéré prochainement avec l’exercice Shakti 25, cette fois au profit de l’armée indienne.

Alors que la maîtrise du spectre électromagnétique se révèle être indispensable à un combat moderne et dynamique, la guerre électronique devient omniprésente sur les différents champs de bataille. Ainsi, les traqueurs d’ondes continuent leur ouverture vers l’interarmes et s’affirment comme un appui incontournable pour un engagement en haute intensité. 

Les experts traqueurs d’ondes appuient différentes unités dans l’accomplissement des missions. © 54RT/ Armée de Terre


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