En quoi consiste ce projet d'éco-quartier ?

Arnaud Tauzin. Saint-Sever est une cité historique au cœur de la Gascogne, qui compte aujourd'hui 5 000 habitants. Depuis une quinzaine d'années, nous sommes raccordés par une 2x2 voies à Mont-de-Marsan qui accueille la plus importante base aérienne de France, la BA 118. Elle peut être rejointe en 15 à 20 minutes en voiture. L’écoquartier de Nauton est un prolongement de ville qui s’étend sur 13 hectares, avec un tissu urbain qui ressemble à celui de la cité ancienne de Saint-Sever. Ce n’est pas un lotissement de plus. Ce quartier, labellisé par le ministère de la Transition écologique, se distingue également par son caractère durable. L’objectif, à terme, est d'accueillir 500 habitants en consommant le moins d'espace possible, tout en bénéficiant d’une présence végétale importante (plus de 30% d'espaces verts, un nombre très conséquent d'arbres plantés) et des noues qui récupèrent les eaux de pluie. En termes de mode constructif, l’exigence est grande sur le plan environnemental : murs préfabriqués en béton bas carbone qui amènent un confort d'hiver et d'été très haut en raison de l'inertie du béton et panneaux photovoltaïques cachés sous les toits végétaux. Finalement, les maisons sont quasiment passives, produisant presque autant d’énergie qu’elles en consomment. 

Quelle est la typologie des 26 logements réservés aux militaires sur les 41 que compte le projet ?

AT. Nous avons fait plusieurs réunions avec le bureau logement de Mont-de-Marsan et l’établissement territorial du logement de Bordeaux pour caler cette typologie sur les besoins des militaires. Nous proposons des T3, T4 et T5 afin d’accueillir des soldats en démarrage de carrière, mais qui sont le plus souvent en couple, sans ou avec un à deux enfants. Tous les logements comprennent un grand cellier pour que les militaires puissent ranger leurs affaires car ils déménagent régulièrement et, dans la quasi-totalité des cas, il y a un jardin privatif.  

Quelle est l'histoire de ce projet ?  

AT. Il y a 60 ans, une première cité militaire a été créée à Saint-Sever. Pendant des générations et des générations, elle a amené sur la ville des nouveaux militaires, dont certains en fin de carrière faisaient le choix de s'installer sur la commune. Nous avons donc une présence importante de militaires d’active et de retraités des Armées sur notre commune. Nous savons à quel point ces derniers ont des valeurs d'engagement et une grande partie du monde associatif tient grâce à leur présence. Lorsque j’ai été élu en 2014, une de mes premières démarches a été de me présenter au commandant de la BA 118. Je lui ai dit : « Nous avons envie de mettre en place tout ce qui pourrait permettre aux militaires déjà sur place d'être le plus heureux possible et à ceux qui auraient vocation à nous rejoindre d'être accueillis de la meilleure des façons ». C’est ainsi, qu’en 2022, l’idée est née de réserver à des militaires une partie des logements du projet d’écoquartier de Nauton, lancé dès 2019. Le commandement avait des remontées très positives sur Saint-Sever, une ville très calme dotée de services avec deux collèges, beaucoup de commerces et qui offraient un bon compromis entre la tranquillité de la campagne et les services d'une ville. J'ai eu la chance d'avoir des relations de grande proximité avec les commandants successifs, notamment le commandant actuel qui a toujours soutenu ce projet, tout comme la Direction des territoires, de l’immobilier et de l’environnement (DTIE) et l'État-major de l’armée de l’Air et de l’Espace, très intéressés par le fait d’allier performance écologique et aspects sociaux.

Comment s’est concrétisé cet engagement ?

AT. Tout ce travail s’est traduit par une convention signée au Salon des maires, le 25 novembre 2024, qui est venue concrétiser trois ans de travail. Le projet est en partie financé par Domofrance, un bailleur conventionné avec le ministère des Armées qui a octroyé une aide financière pour que le projet aboutisse. En contrepartie, les logements réservés aux militaires et aux civils du ministère des armées bénéficieront de loyers raisonnables et d’une affectation explicite pour une quinzaine d'années.

Quel est le bénéfice pour la commune ? 

AT. Ce projet s’inscrit dans notre philosophie de donner avant de recevoir. Les militaires s'engagent pour la Nation, ils assument des contraintes de mutations et d'opérations très fortes. Il me semblait donc naturel que notre commune essaie d'accueillir de la meilleure des façons ces gens qui s'engagent totalement. Après, en termes de retombées, ce projet va permettre d'augmenter la population de la ville, de renforcer la présence dans nos écoles, nos collèges, d’augmenter la consommation pour nos commerces. Les enfants viendront augmenter nos effectifs scolaires et amèneront de la jeunesse dans nos associations sportives. Je n'oublie pas non plus que les militaires se déplacent en famille et nous avons le souci que le conjoint ou la conjointe puisse trouver sa place professionnellement sur nos territoires. Saint-Sever est une commune qui est un pôle d'emploi important dans l’agroalimentaire et accueille un des trois hôpitaux du département. Elle offre donc des opportunités d’emplois pour les conjoints. Ainsi, la présence de familles de militaires va participer à faire grandir notre ville.

Quel est le calendrier du projet ?

AT. Le calendrier est un des points de force du projet. Les panneaux de béton seront pré-fabriqués dans des usines landaises spécialisées qui permettent un système d'assemblage des maisons à la manière d’un jeu Lego, tout en préservant la qualité constructive. Nous allons ainsi être capables de livrer les seize premières maisons dans moins d’un an, d’ici fin juin 2026, les autres seront livrées en juin 2027.

Le projet d’écoquartier de Nauton en bref

• 41 maisons, dont 26 pour l’Armée pendant une période initiale 15 ans
• Surface : 13 ha, dont 30 % d’espaces verts
• Période de travaux : de septembre 2025 à juin 2026