Médecine de guerre : cinq atouts à retenir du « rôle 2 basique », un dispositif hors-norme taillé pour la haute intensité
Doublement des capacités d’accueil, intégration de nouvelles fonctions, autonomie logistique renforcée : le site d’Orléans-Chanteau a accueilli, jeudi 9 octobre 2025, l’évaluation technico-opérationnelle du « rôle 2 basique » (R2B) : un dispositif signé Service de santé des armées (SSA), capable d’absorber des afflux de cinquantaine de blessés, sur plusieurs jours, afin de répondre aux exigences de la haute intensité.
Rédaction : Emmanuelle Ndoudi
Plus complet, robuste et efficace. Le nouveau rôle 2 basique (R2B) du Service de santé des armées (SSA) a été soumis à une évaluation technico-opérationnelle, le 9 octobre 2025, sur le site d’Orléans-Chanteau (45).
Doublement des capacités d’accueil, innovations intégrées, prise en charge médico-psychologique complète : tout a été repensé pour affronter l’épreuve d’un conflit de haute intensité.
Deux ans de développement seulement ont été nécessaires pour développer et créer cette structure à la fois moderne et rustique pour faire face, conformément au contrat opérationnel de l’OTAN, à des séries d’afflux massif de blessés pendant plusieurs jours. Voici les cinq avancées majeures de ce dispositif hors norme.
Atout n° 1 : Garantir une offre de soins similaire à un hôpital militaire en France
En concevant cette structure, l’équipe de soignants militaires impliquée avait une ambition claire : offrir, au plus près du champ de bataille, un niveau de soins aussi proche que possible tactiquement à celui d’un hôpital militaire en France. « En renforçant la prise en charge médicale, nous cherchions à renforcer le dispositif de prise en charge médicale et apporter les meilleurs soins possibles aux soldats », développe le médecin en chef (MC) Sylvain, l’un des collaborateurs de ce projet. « Contrairement à certains pays compétiteurs, le SSA œuvrera toujours au plus près forces pour sauver et réhabiliter ceux qui combattent pour la France. Cet état d’esprit est profondément ancré dans les gènes du Service et de son personnel », précise le pharmacien chef des services de classe normale (PHCSCN) Gilles.
Sous les tentes, le parcours du blessé reproduit fidèlement celui d’un trauma center français. « Un « trauma leader » accueille et évalue l’état du blessé. Selon le bilan établi par les réanimateurs et les chirurgiens, la victime est orientée vers l’unité adaptée », détaille le MC Sylvain. Zone de déchoquage, bloc opératoire, unité de réanimation, hospitalisation standard ou prise en charge psychologique : les possibilités sont multiples. « Le R2B représente une réelle avancée pour le combattant », se réjouit l’infirmière en soins généraux de 1er grade (ISG1G) Sandy.
Atout n°2 : faire face à des afflux massifs de blessés pendant plusieurs jour
De l’exigence en qualité, mais également en quantité. L’évaluation du R2B s’est appuyée sur un scénario d’afflux massif, avec près de cinquante blessés traités en quelques heures. Et le rôle 2 basique a également été conçu pour disposer d’une autonomie minimale de trois jours.
« C’est un standard, défini par l’OTAN, basé sur un retour d’expérience des unités soignantes ukrainiennes », affirme le MC Sylvain.
Pour absorber le choc de cet afflux, le R2B compte notamment 20 lits d’hospitalisation standard gérés par une équipe de 10 personnels soignants. Une prise en charge massive, mais également autonome. Compresses, seringues, poches de soluté, poches de sang… Dans la pharmacie intégrée, 1 400 produits médicaux y sont soigneusement rangés et empilés. « L’évaluation technico-opérationnelle du R2B a été très concluante : nous avons constaté que la quantité de matériels était suffisante et adéquate », se félicite-t-il
Atout n°3 : prêt à être déployé rapidement et à s’adapter au contexte tactique
Les soignants militaires projetés au sein du rôle 2 basique doivent être en mesure d’achever le montage de la structure en 24 heures. Lors de l’évaluation technico-opérationnelle, les équipes mobilisées ont toutefois abouti la construction de la structure au bout de 14 heures ! « Cette avance nous a donc laissés une fenêtre de 10 heures pour parachever les finitions et se reposer avant l’afflux massif », ajoute le collaborateur. « Enfin, ce R2B peut non seulement être déployé sous tentes, mais aussi dans n’importe quel type d’infrastructure de circonstance à disposition de la force, voire être dispersé sur plusieurs sites », complète, de son côté, le PHCSCN Gilles.
Atout n° 4 : Pharmacie, laboratoire, commandement… de nouvelles capacités intégrées
La nouvelle version du rôle 2 basique intègre 26 tentes spécialisées, parmi lesquelles plusieurs capacités inédites : pharmacie renforcée, cabinet dentaire, commandement, et surtout un laboratoire de biologie médicale, capable de réaliser des analyses de microbiologie et de biologie moléculaire. « « Nous souhaitions apporter une réponse, en terme de diagnostic et d’adaptation thérapeutique, aux enjeux microbiologiques d’aujourd’hui et notamment à l’antibiorésistance. », justifie la pharmacienne en chef Barbara, collaboratrice du projet R2B. Les patients porteurs de bactéries multirésistantes présentent, en effet, des risques d’amputation plus élevés que les autres.
Le laboratoire du R2B rassemble ainsi du matériel de pointe, léger mais robuste. Parmi les innovations : le dispositif « QUANTRA », capable de mettre en évidence la coagulopathie aigue du traumatisé (un défaut de coagulation) et d’aider à l’optimisation de la prise en charge transfusionnelle.
Atout n°5 : Simplification et standardisation des processus
Malgré sa montée en puissance, le rôle 2 basique reste fidèle à une philosophie : simplifier pour mieux soigner. Les stocks médicaux ont été rationalisés et les procédures, uniformisées. Dans la pharmacie par exemple, le catalogue de produits présents a été restreint pour simplifier le réapprovisionnement et accompagner l’autonomie de la structure. « Une simplification qui aide à la standardisation des gestes », complète l’un des collaborateurs du projet.
Cette approche a su démontrer son efficacité lors de l’exercice d’évaluation : la prise en charge des blessés s’est déroulée dans un climat de maîtrise et de fluidité, ont affirmé de consort les soignants militaires mobilisés. « Quand tout s’accélère autour de vous, la seule chose qui compte, c’est d’avoir un cadre fiable et une équipe qui parle le même langage. », remarque l’ISG1G Sandy. « C’est un matériel qui répond parfaitement aux objectifs, quasiment prêt à l’emploi », complète le MC Sylvain.
La première capacité opérationnelle sera prononcée début 2026 et une déclinaison encore plus mobile de ce R2B devrait même être évaluée lors du prochain exercice ORION.
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