[#Conseils santé] Comment réagir face à un événement potentiellement traumatique survenu en mission ?

Direction : Santé / Publié le : 10 octobre 2025

L’exposition à des événements traumatiques peut engendrer, chez les militaires, des troubles psychiques parfois différés. La vigilance face aux premiers signes de détresse est toutefois déterminante pour une prise en charge efficace et un rétablissement durable. À l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale, le 10 octobre 2025, deux psychologues du Service de santé des armées rappellent les bonnes pratiques à adopter.

Rédaction : Emmanuelle Ndoudi

[#Conseil santé] Comment réagir face à un événement potentiellement traumatique survenu en mission ? © BCI-SSA

Face à la mort ou à un événement violent, aucun militaire ne reste indifférent. Cette confrontation risque de laisser des traces invisibles et parfois durables. La détection précoce d’un traumatisme, grâce à des réflexes simples, favorise le rétablissement et garantit une meilleure prise en charge. 

À l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale, le médecin en chef Christelle rattachée à la division « Offre de santé », et Margaux, psychologue réserviste et cheffe de service adjointe du service prévention-promotion de la santé du centre d’épidémiologie et de santé publique des armées à Marseille, rappellent quelques réflexes simples pour mieux traverser l’épreuve ou accompagner ceux qui la vivent.

Réflexe n°1 : accepter les émotions complexes

Le retour d’opération est souvent marqué par un mélange d’émotions contradictoires : soulagement, fierté, fatigue, tristesse ou irritabilité. Ces réactions sont normales et ne traduisent pas une fragilité, mais peuvent être les signes d’un traumatisme. « Reconnaître et accepter ces émotions peut aider à mieux les gérer », affirment les deux psychologues.

Réflexe n°2 : s’appuyer sur la cohésion du groupe

En mission, la solidarité et la cohésion d’équipe sont des valeurs indispensables. « N’hésitez pas à échanger avec vos camarades et à solliciter vos chefs : la parole partagée est une première forme de soin, conseillent le binôme de psychologues. Si vous remarquez qu'un camarade semble en détresse, il est important d'aborder la situation avec écoute, bienveillance et sans jugement ». 

Réflexe n°3 : être attentif aux signaux détectés par l’entourage

Parler, mais également rester attentif aux signes de stress post-traumatique. « Parmi eux, nous retrouvons dans les jours qui suivent ou à distance de l’évènement : les cauchemars traumatiques ou les flash-back à l’état de veille, le sentiment d’insécurité, les difficultés à s’endormir, de concentration ou l’irritabilité, avec parfois des prises de toxiques associées », continuent-elles. 

Sur ce point, le regard extérieur des proches peut être un signal d’alerte précieux. « L’entourage peut en effet détecter un changement dans votre comportement, une rupture avec votre façon d’être antérieure, pouvant être un signal d’alerte », assurent les psychologues. Si des signaux apparaissent ou persistent, il est crucial de maintenir des liens solides avec la famille et les amis afin de renforcer le sentiment de sécurité. Les psychologues conseillent « d’organiser des rencontres régulières et des activités sociales pour favoriser un retour à la vie quotidienne ».

Réflexe n°4 : consulter un spécialiste

Dès l’apparition des premiers signes, la consultation d’un spécialiste est vivement conseillée. « Allez consulter un professionnel de la santé mentale ou encourager vos collègues à le faire dès l’apparition de ces signes », recommandent le binôme. Et d’ajouter : « Surtout si ces signes ne s’estompent pas dans les trois mois après le retour de mission ».

Réflexe n°5 : se réintégrer progressivement à la vie civile

Lors du retour à la vie civile, il est urgent de réintégrer progressivement les activités quotidiennes pour éviter la surcharge émotionnelle. « Planifiez des transitions douces, comme la reprise progressive du travail et des activités sociales », suggèrent les spécialistes.


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