Lors de cette mission, le Champlain a ravitaillé successivement trois des cinq îles Éparses : Europa, Juan de Nova et Glorieuses. Au rythme de la marée, l’équipage est rappelé au poste de TRDI avant le lever du soleil pour commencer à décharger le fret stocké dans les 6 containers du Champlain. 

L’opération se décline en plusieurs étapes clés : envoi de l’équipe de reconnaissance de plage sur le platier pour y confirmer la hauteur d’eau et baliser un chenal qui permettra aux embarcations de ravitaillement de gagner la plage, puis mise à l’eau des différentes embarcations de servitudes du Champlain (EMBSV et FILAO) afin d’y gruter le fret à décharger. Sur chaque île, plusieurs rotations sont ensuite effectuées pour déposer les quelques 10 tonnes de vivres, gasoil, matières premières et autres matériaux d’entretien à destination du détachement.

Du 8 au 10 février, l’équipage B du Champlain a effectué le ravitaillement de l’île d’Europa, celui de Juan de Nova du 12 au 13 février et enfin celui de l’archipel des Glorieuses du 20 au 22 février. Les conditions météorologiques difficiles permettent d’éprouver régulièrement de nouveaux modes d’action. Un point de déchargement plus abrité des éléments a ainsi été ouvert sur Europa : une découverte précieuse qui sera utile pour les prochaines TRDI.

Après chaque ravitaillement, l’équipage organise des activités avec les détachements présents sur les îles. Cherchant à renforcer le lien interarmées et l’interopérabilité des forces, celles-ci se déclinent en exercices conjoints et en activités de cohésion.

Puis du 28 février au 5 mars 2025 le bâtiment a fait escale à Port-Victoria, capitale des Seychelles située sur l’île de Mahé. Marquée par de nombreux évènements de coopération, cette escale a permis de renforcer une nouvelle fois les liens entre la France et les Seychelles, partenaire stratégique de la zone sud de l’océan Indien.

En arrivant aux abords des côtes seychelloises le 28 février, le Champlain a conduit un exercice antipollution avec un patrouilleur des Seychelles Coast Guards (SCG) à l’aide de son embarcation de servitude (EMBSV). Une délégation de la Seychelles Air Force s’est ensuite rendue à bord.

Le 3 mars, le commandant s’est entretenu avec le chef d’état-major des forces de défense seychelloises sur des enjeux communs de lutte contre la pêche illicite et le trafic de drogue en haute mer, puis avec l’ambassadrice de France. 

Le même jour s’est tenue une conférence de présentation de la mission BOUGAINVILLE à Port-Victoria devant un public français et seychellois. Cette première conférence sur la mission BOUGAINVILLE aux Seychelles marque le début d’une nouvelle collaboration dans le domaine scientifique qui devrait se poursuivre lors des prochains passages du Champlain à Port-Victoria. Ce projet, porté par Sorbonne Université et Plankton Planet, vise à collecter et étudier du plancton dans les océans Indien, Austral et Pacifique à bord de bâtiments de la Marine nationale. Pour l’aspirant Romain, officier biodiversité et représentant de la mission BOUGAINVILLE à bord du Champlain, cette conférence a permis de transmettre les valeurs du projet, d’expliquer l’importance du plancton, de présenter les outils innovants et frugaux utilisés pour l’étudier et de sensibiliser le public à la préservation des océans. Un moment d’échange privilégié avec le public au terme de la conférence a ensuite permis de revenir sur ces enjeux.

Un peu d’histoire…

Découvertes par les navigateurs français et portugais entre le XVI^e et le XVIII^e siècles à l’époque des grands voyages de la Renaissance, les îles Éparses sont intégrées aux Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) en 2005. Depuis 1973, elles accueillent des détachements de l’armée de Terre qui s’y relaient toutes les six semaines et y assurent une présence militaire permanente.

Entre 1766 et 1769, Louis-Antoine de Bougainville devint le premier officier de la Marine française à réaliser une circum-navigation à vocation scientifique. Son exploration a contribué à la cartographie de nombreuses îles, parmi lesquelles certaines appartiennent aujourd’hui à l’archipel des Seychelles. Il a récemment donné son nom à la mission BOUGAINVILLE, perpétuant une nouvelle fois la longue tradition d’embarquement de scientifiques à bord des navires de la « Royale ».