Prix de l’Organisation maritime internationale 2024
La cérémonie annuelle de remise des prix pour acte héroïque en mer a eu lieu le 2 décembre au siège de l’Organisation maritime internationale (OMI), à Londres. L’équipage de la Flottille 32F de la BAN de Lanvéoc-Poulmic a été félicité pour son action lors du sauvetage du vraquier Guyana.
La flottille 32F félicitée et l’Alsace citée
Le capitaine de frégate Frédéric, chef de détachement de la flottille, le lieutenant de vaisseau Loïc, le premier maître Mickaël et le maître Sébastien, tous affectés à la 32F sur la base d’aéronautique navale de Lanvéoc-Poulmic au moment des faits, ont été désignés par la France, pour leur courage et leur détermination lors du sauvetage du vraquier Guyana après qu’il a pris feu et dérivé dans une mer agitée et des vents violents veillant à ce que les 20 membres de l’équipage soient hissés en sécurité à bord de l’hélicoptère.
Un sauvetage particulièrement technique
Le 27 décembre 2023 en début d’après-midi, l’alerte est déclenchée sur la base d’aéronautique navale de Lanvéoc au profit du navire de commerce Guyana. L’équipage d’alerte est informé qu’un navire de commerce vient de subir un incendie sur ses installations de propulsion et se trouve maintenant à la dérive totale, en pleine tempête, à 100 nautiques au large des côtes bretonnes. L’équipage évalue aussitôt la situation et prépare l’évacuation des vingt marins présents à bord du navire.
A 16h, l’ordre est donné de démarrer les opérations de sauvetage et d’évacuer l’ensemble des marins présents à bord. En arrivant sur zone, l’équipage identifie le navire à la dérive. Il est balloté par les flots avec des mouvements incontrôlés et particulièrement amples. Après une analyse détaillée de l’environnement et des mouvements du navire, le commandant de bord détermine, conjointement avec le treuilliste et le plongeur, le point de treuillage le plus adapté pour la sécurité des opérations à venir. Le commandant de bord positionne l’hélicoptère en stationnaire, le treuillage s’annonce particulièrement technique.
Le premier treuillage pour déposer le plongeur débute. Le treuilliste doit à la fois tenter de prévoir les mouvements à venir pour déposer le plongeur que guider le pilote. Cette manœuvre requiert une dissociation d’attention maximale pour le treuilliste et une parfaite dextérité pour le pilote. En arrivant arrive à bord, le plongeur heurte la cheminée du navire et se blesse au tibia et à la cheville lors de sa descente. La complexité de la manœuvre nécessite une parfaite symbiose entre le pilote et le treuilliste pour synchroniser les mouvements du navire. Malgré ses blessures, il poursuit ses actions. Il accroche immédiatement un bout sur le croc du treuil qui permettra de faciliter la suite de l’opération. L’hélicoptère est maintenant relié au navire. Chaque treuillage nécessite entre 6 à 8 minutes par personne et l’équipage doit fournir un effort particulièrement conséquent pour maintenir l’hélicoptère au-dessus du point de treuillage précis et proche des obstacles, sur un navire balloté par la tempête.
Durant cette phase très intense, l’équipage doit également analyser l’éloignement de l’hélicoptère vis-à-vis de sa base support (premier terrain de ravitaillement en carburant disponible) et réactualiser sans cesse la durée de présence sur zone au regard de la force du vent, du carburant restant dans les réservoirs et de la consommation instantanée particulièrement variables. Une première estimation est faite et devrait permettre de récupérer initialement 6 personnes. Lors de la remontée du cinquième naufragé, une avarie technique sur le treuil survient. Celui-ci est alors bloqué avec en pendant un naufragé accroché. La situation est périlleuse et précaire. L’équipage doit très rapidement réagir et proposer une solution pour mettre le naufragé en sécurité et lui sauver la vie. Après plusieurs tentatives, la dextérité et le courage de l’équipage permettent à ce marin d’être remonté à bord de son navire. En état de choc, il est immédiatement pris en charge par le plongeur qui le rassure.
Devant l’impossibilité de poursuivre ses opérations de treuillage, l’équipage est contraint de rentrer à sa base en laissant derrière lui le plongeur et encore 16 marins à bord. L’avion Falcon est prévenu et assure un indispensable relais radio, ajoutant ainsi une charge de travail à l’équipage de l’hélicoptère qui doit expliquer la situation et préparer ce retour imprévu. Laissé seul sur place, le plongeur assure un soutien psychologique auprès des naufragés, soigne quelques blessures avec une trousse médicale du bord. Il doit aussi aider le capitaine du navire à communiquer à la radio car ce dernier a du mal à comprendre les consignes transmises en anglais sur la VHF.
Une fois rentré sur la base et les naufragés déposés, l’équipage prépare un autre hélicoptère pour reprendre le sauvetage sans délai. Cette abnégation montre la motivation et l’engagement de l’équipage dans l’accomplissement de sa mission.
Une heure après l’avarie, l’équipage redécolle avec un autre appareil pour poursuivre les opérations de sauvetage et récupérer les 16 marins.
La suite de la mission se poursuit de nuit ce qui rend sa réalisation encore plus complexe et dangereuse.
Une heure de vol plus tard, l’équipage revient sur zone et rétablit le contact avec le navire et le plongeur. L’opération reprend, toujours avec des conditions météorologiques défavorables. Après un nouveau transit de plus de 100 nautiques, six nouveaux naufragés sont treuillés à bord de l’hélicoptère. Les six marins secourus sont déposés, une nouvelle fois par treuillage, à bord d’un navire hôpital espagnol présent à proximité du navire Guyana. L’hélicoptère repart une nouvelle fois sur le navire Guyana et treuille six marins supplémentaires. L’équipage doit alors regagner à nouveau sa base pour ravitailler. Les six marins sont débarqués et l’hélicoptère repart pour une troisième rotation nocturne vers la zone d’intervention et à une distance de 100 Nq. Cette dernière séquence de treuillage se termine avec la remontée des quatre derniers naufragés et la récupération finale du plongeur.
Mission accomplie pour l’équipage qui peut rentrer à sa base de manière définitive.
Malgré une faible expertise sur l’hélicoptère H160 FI pour lequel la Marine nationale est le seul exploitant dans ce domaine, l’équipage a sauvé la vie de 20 marins, en pleine tempête. Il n’a pu s’appuyer sur aucune expérience comparable sur cet aéronef.
En réagissant avec un parfait sang-froid, l’équipage a su faire face en cours de mission à des reconfigurations majeures, dont l’avarie technique du treuil de sauvetage. En surmontant vaillamment ces difficultés, l’équipage, totalement dévoué à cette mission et engageant son intégrité physique, à l’image du plongeur blessé, a fait preuve d’une grande endurance et déployé des efforts particulièrement remarquables pour sauver la vie de ces 20 marins.
L’équipage de l’Alsace cité pour l’aide apportée au Marlin Luanda
Dans la soirée du 26 janvier 2024, le Marlin Luanda, transportant 84 147 tonnes de naphta, faisait route de Suez à Incheon lorsqu'il a été frappé par un missile balistique antinavire. L'explosion a enflammé une soute de naphta, créant un incendie important avec des flammes de plus de 30 mètres. Malgré les dégâts, le capitaine a rapidement organisé la lutte contre l'incendie afin de circonscrire le feu à la soute frappée par le missile, assurant la sécurité de l'équipage et maintenant la navigabilité du navire au milieu du chaos. L'embarcation de sauvetage de tribord étant détruite, le reste de l'équipage s'est rassemblé au poste de l'embarcation de sauvetage de bâbord, se tenant prêt à une éventuelle évacuation. Malgré le danger extrême et la menace constante de nouvelles attaques, l'équipage a lutté contre l'incendie à l'aide de canons fixes à mousse et de manches portables. Le feu a continué à se propager, affectant notamment une citerne adjacente, mais l'équipage est parvenu à le circonscrire en utilisant de l'eau de mer après avoir épuisé les réserves de mousse.
L’équipage de l’Alsace cité pour l’aide apportée au Marlin Luanda
Après quatre heures et demie de lutte contre l'incendie par leurs propres moyens, le pétrolier Achilles, la frégate multi-missions à capacité de défense aérienne renforcée (FREMM-DA) Alsace, tout juste arrivée sur le théâtre, la frégate américaine USS Carney suivie peu après par le navire de guerre indien INS Visakhapatnam ont fourni de la mousse pour la lutte contre l'incendie et un soutien supplémentaire. Malgré les efforts acharnés de l'équipage du Marlin Luanda, l'incendie s'est ravivé à plusieurs reprises, faisant craindre un abandon inéluctable du navire. Cependant, le capitaine et son équipage ont décidé de rester. L’équipage de l’Alsace a directement contribué à la lutte contre les flammes en acheminant à bord du pétrolier, toute la nuit durant, des bidons d’A3F, puis une fois le feu maîtrisé en fournissant des plaques de métal pour colmater la brèche causée par le missile. Cette aide concrète de la Marine nationale ainsi que l’intervention des marins indiens mais surtout la ténacité de l’équipage du Marlin Luanda ont finalement permis d'éteindre l'incendie et de colmater une brèche importante dans la coque. 24 heures après le tir de missile, le Marlin Luanda s'est mis en sécurité sous escorte navale. Une fois le feu éteint, l’Alsace a dépêché une équipe d’expert à bord pour évaluer les dégâts et s’assurer que l’équipage était en sécurité.
La FREMM DA Alsace en mer
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