Rendez-vous annuel de la préparation opérationnelle des ailes françaises, « Volfa » ne se limite pas à un simple entraînement militaire. C’est aussi un lieu d’échanges, de partages et de rencontres inattendues, comme celle avec les lieutenants Sylvain et Romain, navigateurs officiers systèmes d’armes (NOSA). Dès le premier regard, leur ressemblance est saisissante, tout comme la complicité évidente et le lien qui les unissent. Le premier, Sylvain, navigateur sur Rafale B (biplace) au sein de l’escadron de chasse 1/4 « Gascogne » à Saint-Dizier, est connu sous le call sign (surnom) « Twin ». Son frère, Romain, affectueusement surnommé « Face », évolue quant à lui sur Mirage 2000D, à l’escadron de chasse 1/3 « Navarre », sur la base aérienne 133 de Nancy.

En 2020, à l’issue de deux ans de classes préparatoires au lycée militaire d’Aix-en-Provence, les deux frères intègrent ensemble l’École de l’air et de l’espace, à Salon-de-Provence, où ils suivent la filière élève-officier du personnel navigant. Sélectionnés ensuite pour la spécialité NOSA, ils entament le cursus chasse avant d’être affectés, début 2022, sur avions Rafale et 2000D. Originaires de Tarbes, au pied des Pyrénées, Sylvain et Romain ont très tôt montré les prémices de leur intérêt pour l’aviation de chasse et le monde militaire : « Tout a commencé lors de notre premier meeting aérien à Tarbes. Nous étions très jeunes et, depuis, cette passion ne nous a jamais lâchés », confie l’un d’eux.

La navigation, une mission essentielle

Installé en place arrière dans le cockpit, le NOSA est le spécialiste des systèmes d’armes et de la conduite tactique à bord d’un avion biplace. Sa mission est de travailler en parfaite synergie avec le pilote pour assurer la réussite de la mission et la survie de l’équipage dans un environnement tactique exigeant. Malgré une rivalité de bonne guerre, Sylvain et Romain, qui évoluent sur deux appareils de génération différente, occupent chacun un rôle bien particulier.

Sur le Mirage 2000D, principalement dédié à l’attaque au sol, le pilote doit très souvent voler à basse altitude et à grande vitesse pour échapper aux couvertures radars. Dans ces conditions, son attention est entièrement focalisée sur le pilotage. C’est là que le NOSA entre en jeu, en donnant au pilote la conscience tactique de l’environnement (situation awareness), en surveillant les différentes menaces dans les airs ou au sol, ou encore en gérant la mise en œuvre des armes guidées, qu’elles soient laser ou GPS. « Son rôle est de permettre au pilote de se concentrer sur la trajectoire et les manœuvres, tout en garantissant l’efficacité de l’attaque et la sécurité de l’avion », explique Romain. Sur avion Rafale, avion omnirôle capable d’assurer des missions air-air, air-sol, de reconnaissance mais aussi nucléaires, à l’instar de ceux opérés sur la base aérienne de Saint-Dizier, Sylvain intervient sur l’ensemble des phases de la mission. Il supervise la gestion du carburant et de l’armement, tout en assistant le pilote sur le plan tactique. Son rôle est essentiel pour optimiser les décisions en vol et garantir le succès des missions.

Premiers vols ensemble

Alors qu’ils n’étaient encore jamais partis en mission ensemble auparavant, Sylvain et Romain ont pu l’expérimenter pour la première fois lors de l’exercice « Volfa » 25. Deux sorties marquantes, dont l’une restera particulièrement mémorable. Tous deux étaient « blue », la force amie, l’un en asset air-air, l’autre en asset air-sol lors de la simulation d’une continuous war (guerre continue), une séquence du scénario de l’exercice. À bord du Mirage 2000D, Romain était chargé de délivrer des missiles de croisière de type Scalp, sur des cibles préalablement désignées. Au même moment, Sylvain, à bord du Rafale, pénétrait les lignes ennemies pour nettoyer l’espace aérien en mission de « sweep », offrant aux 2000D un corridor sécurisé pour accomplir leur mission au sol. « C’était un vrai moment de fierté de savoir que mon frère veillait plus haut dans le ciel pour protéger nos avions, alors que nous évoluions à très basse altitude pour livrer de l’armement simulé. Un très beau souvenir aérien que nous avons partagé ensemble », livre Romain.