Dans un contexte stratégique durci marqué par un retour du fait nucléaire, les ambassadeurs des pays alliés de l’Otan, accompagnés de la secrétaire générale déléguée de l’Alliance, Radmila Shekerinska, ont visité la base aérienne d’Istres, un des sites de mise en œuvre de la dissuasion nucléaire française. Cette rencontre a permis d’approfondir les perceptions des intervenants sur les enjeux stratégiques actuels et de mieux comprendre le rôle des forces nucléaires françaises dans l’architecture de la sécurité collective de l’Otan, notamment de ses membres européens. À cet égard, les délégations ont assisté à des présentations de la part des Commandants des Forces aériennes stratégiques, de la Force océanique stratégique et de la Force aéronavale nucléaire. Les différentes étapes de la visite ont démontré la crédibilité de la dissuasion française, caractérisée à Istres par sa composante aéroportée, à la fois efficace, indépendante et souveraine.

Cette visite a également été l’occasion de réaffirmer le rôle de la dissuasion nucléaire comme pierre angulaire de la sécurité de l’Alliance et de rappeler les spécificités de la stratégie nucléaire française. Celle-ci présente en effet une pleine compatibilité entre d'une part, l'indépendance de la dissuasion française (de la conception et la production de nos armes, jusqu’à leur mise en œuvre sur décision du Président de la République) en protection de ses intérêts vitaux et, d'autre part, l'appartenance européenne et alliée. Le président de la République a ainsi rappelé que la dissuasion nucléaire française présente une dimension européenne qui n’est pas limitée au seul cadre de l'Union Européenne. Par ailleurs, la dissuasion française est complémentaire des propres capacités de l’Otan. Au sein de l’Alliance atlantique, la France a, en tant qu’État doté, un rôle spécifique à jouer et contribue à la dissuasion globale et à la définition de la politique nucléaire de l’Alliance, sans toutefois participer aux mécanismes de planification nucléaire de l’Otan. Au même titre que le Royaume-Uni, elle incarne l’existence au sein de l’Alliance de multiples centres de décision indépendants, compliquant les calculs de tout agresseur potentiel.