[Photos] Stéphane Lavoué : « J’ai longtemps baigné dans un univers militaire »
Rien ne le prédestinait à la photographie. Mais ce fils – et petit-fils – de militaire a plongé dedans après avoir découvert le grand Sebastião Salgado. L’ingénieur se reconvertit alors et devient photographe, spécialiste du portrait. Rencontre avec Stéphane Lavoué
Cet article est tiré d’Esprit défense n° 12.
De quand date votre premier contact avec l’armée ?
Stéphane Lavoué : Dès le plus jeune âge ! Mon père était médecin militaire, mon grand-père chirurgien militaire, ma grand-mère infirmière militaire… J’ai grandi sur des bases militaires, à Kaolack (Sénégal) puis en Allemagne, à Spire, Mulheim et Berlin, où nous sommes restés quatre ans (1986-1990). Je me souviens de la traversée du couloir est-ouest, très impressionnante… J’ai terminé par un an à Bangui, en Centrafrique, en 1993. J’ai donc baigné jusqu’à mes 17 ans dans un univers militaire.
Et ensuite ?
En maths sup à Strasbourg, je découvre la vie civile avec un antimilitarisme que je n’avais pas perçu jusque-là. Du genre « si l’armée n’existait pas, il n’y aurait pas de guerres ». Ces conversations m’ébranlent : tout est plus compliqué que ce que j’imaginais. Petit à petit, l’armée sort de ma vie. Devenu ingénieur bois, je m’installe au Brésil, où j’achète du bois pour des industriels français.
Et la photo vous happe…
Au Brésil, je découvre l’univers du photographe Sebastião Salgado, et je commence à passer plus de temps à prendre des photos qu’à aller à l’usine… Je rentre en France, je me forme. J’ai alors 25 ans. Je débute dans le photojournalisme, d’abord pour Libération. Du reportage, dans les manifestations, les sorties de Conseil des ministres, avec un regard décalé. Puis des portraits, pendant dix ans. Dont un portrait de… Vladimir Poutine, en 2008, pour Le Monde : je disposais d’à peine 24 secondes de prise de vue ! La photo a fait la une du magazine Time aux États-Unis.
En 2022, dans le cadre d’une commande du ministère de la Culture, Stéphane Lavoué a photographié des jeunes venant de s’engager
Avez-vous trouvé l’armée changée ?
Je m’attendais à quelque chose de dur dans la formation, j’ai découvert un ton plutôt bienveillant. On se montre plus à l’écoute des individus. Il ne faut pas les user tout de suite, qu’on puisse les garder [rires] !
Que sont devenues ces photos ?
Le musée des Armées des Invalides en a acheté douze. Onze autres sont à la BNF. J’aimerais poursuivre ce travail : le recrutement, les sous-marins, le porte-avions, le Rafale, la dissuasion…
Recueilli par Michel Henry
*En 2022, le ministère de la Culture a confié à la Bibliothèque nationale de France la mise en œuvre d’une grande commande photographique intitulée « Radioscopie de la France : regards sur un pays traversé par la crise sanitaire ».
Les photographies de Stéphane Lavoué, de la grande commande pour le photojournalisme, sont à retrouver à la Villa Pérochon, à Niort (Nouvelle-Aquitaine), jusqu'au 21 septembre 2024.
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