Le défi de la guerre informationnelle
Signe que la lutte contre la désinformation est l’affaire de tous, l’état-major des Armées et la Délégation à l’information et à la communication de la Défense ont organisé une projection en avant-première du documentaire Sur la piste des agents de Poutine, d’Elsa Guiol. Objectif : créer des passerelles entre ministère des Armées et les médias, pour renforcer la vigilance commune.
Salle comble. Près de 250 personnes se pressent dans l’un des amphithéâtres du ministère des Armées à Balard pour la projection en avant-première du dernier épisode de la série documentaire La Fabrique du mensonge, intitulé Sur la piste des agents de Poutine (France 5). Réalisé par Elsa Guiol, la journaliste a expliqué avoir travaillé huit mois pour aboutir à une enquête au long cours, qui plonge le spectateur dans les coulisses de plusieurs opérations de désinformation et de manipulation qui ont touché la France ces dernières années, les punaises de lit et les étoiles bleues de David notamment. « L’espace informationnel est devenu un véritable champ de bataille où la guerre cognitive fait rage et où la désinformation est une arme utilisée de manière décomplexée », a ainsi affirmé Olivia Pénichou, directrice de la Délégation à l’information et la communication de la Défense (DICoD) en introduction de la soirée. Plusieurs témoins décortiquent ces opérations, vues comme des tentatives de déstabilisation, et apportent un éclairage profond sur la manière dont elles s’organisent. Des responsables des renseignements estonien et moldaves, un lanceur d’alerte russe, mais aussi Marc-Antoine Brillant, responsable de Viginum, ou la chercheuse Catherine Dugoin- Clément expliquent les tenants et les aboutissants de ces actes de malveillance et comment les autorités policières et judiciaires sont remontées jusqu’au commanditaire.
La désinformation touche autant le monde des armées que celui des médias et la société toute entière. D’où l’importance de créer des passerelles tout en respectant le rôle et l’indépendance de chacun. « La guerre informationnelle est un défi qui nécessite une prise de conscience collective, une coopération entre les institutions, l’État et les médias, a précisé Olivia Pénichou, en ajoutant que dans un lieu comme celui-ci, où l’information est aussi une question de souveraineté, cette réflexion prend tout son sens. Il est donc de notre devoir commun de donner à nos armées, comme à nos concitoyens, les clés de lecture pour faire face aux manœuvres de désinformation de nos compétiteurs. »
Après une séance de question-réponses avec Elsa Guiol, le chef d’état-major des Armées, le général Thierry Burkhard, a conclu la soirée en confirmant que « la bataille que nous livrons aujourd’hui se place aussi dans le champ des perceptions ». Et en finissant par un message d’espoir et de confiance : « Nos valeurs sont plus fortes [que celles de nos compétiteurs], nous ne devons pas avoir peur de les défendre et de les porter. Car, j’en suis sûr, elles gagneront. »
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